La guerre dans la bande de Gaza, où les hostilités étaient censées s'arrêter à la faveur d'une trêve, est repartie de plus belle depuis vendredi avec un nouveau bain de sang pour les Palestiniens à Rafah, où un soldat israélien a probablement été capturé.

Au moins 107 Palestiniens ont été tués à Rafah depuis vendredi lors d'attaques militaires israéliennes qui ont suivi la disparition d'un soldat israélien près de cette ville du sud de la bande de Gaza, selon un nouveau bilan des secours locaux établi tôt samedi.

Ces attaques se sont poursuivies durant toute la nuit. Au moins 35 Palestiniens ont été tués à Rafah depuis vendredi minuit (20h HAE). Quinze des victimes, dont cinq enfants âgés de 3 à 12 ans, faisaient partie de la même famille dont la maison a été détruite, a précisé le chef des services de secours Ashraf Qodra.

Par ailleurs, trois autres Palestiniens ont été tués à la suite de tirs de chars à Khan Younès situé à proximité de Rafah, tandis que cinq autres Palestiniens étaient tués dans la ville de Gaza, a ajouté le porte-parole.

L'aviation israélienne a également bombardé pour la première fois un des bâtiments de l'université islamique de la ville de Gaza, selon les services de sécurité.

Selon le nouveau bilan du porte-parole, plus de 1640 Palestiniens, très majoritairement des civils, ont été tués depuis le lancement de l'opération israélienne dans la bande de Gaza le 8 juillet.

Ce regain de violence centré sur Rafah s'est produit au moment même où un cessez-le-feu de 72 heures entre Israël et le Hamas devait apporter un peu de soulagement aux 1,8 million de Gazaouis prisonniers de l'enclave soumise à un déluge de feu.

La trêve entrée en vigueur vendredi à 8h locales et supposée permettre aux habitants durement éprouvés de se réapprovisionner et d'enterrer leurs morts n'a pas tenu deux heures.

Les chances d'une pause durable semblent plus éloignées que jamais, après la probable capture par l'ennemi d'un sous-lieutenant de 23 ans, Hadar Goldin.

Deux soldats israéliens ont été tués au cours de l'affrontement qui aurait conduit à la capture du sous-lieutenant Goldin.

Ligne rouge

Selon l'armée israélienne, des soldats engagés dans la destruction d'un tunnel du Hamas près de Rafah ont été attaqués par des «terroristes» sortis de terre vers 9h30, alors que la trêve était en vigueur. Un kamikaze s'est fait sauter, a rapporté le porte-parole de l'armée, Peter Lerner. Les premiers éléments «indiquent qu'un soldat a été enlevé» dans l'affrontement, a-t-il dit.

Les précautions employées par le porte-parole laissent peu de doute sur la fait que le soldat est porté manquant, même si son sort suscite bien des questions: est-il effectivement prisonnier et de qui, ou déjà mort ?

Personne n'a revendiqué d'enlèvement.

La branche militaire du Hamas s'est contentée d'affirmer dans un communiqué qu'elle ne disposait pas d'information sur le soldat porté disparu et évoqué la possibilité qu'il a été tué lors de combats avec des activistes du Hamas.

Le Hamas avait auparavant assuré n'avoir mené aucune opération après l'entrée en vigueur de la trêve.

Le président américain Barack Obama a appelé à la libération «dès que possible» et «sans condition» du soldat, estimant en outre qu'un cessez-le-feu serait «très difficile» à mettre en place si le Hamas ne parvenait pas à «tenir ses engagements dans le cadre d'un cessez-le-feu».

Il a par ailleurs demandé à ce que davantage d'efforts soient faits pour protéger les civils à Gaza, «pris au piège des combats».

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a également exigé la libération immédiate du soldat.

La capture d'un de ses soldats est une ligne rouge pour Israël. Le rapt en juin 2006 du soldat franco-israélien Gilad Shalit avait déclenché cinq mois d'opérations militaires dans la bande de Gaza. Le soldat avait été libéré en octobre 2011 en échange d'un millier de prisonniers palestiniens.

Au cours d'un entretien téléphonique avec le secrétaire d'État américain John Kerry, le premier ministre Benjamin Netanyahu cité par ses services a prévenu que le Hamas et les autres organisations combattant Israël auraient à supporter les conséquences de leurs actes.

Aussi meurtrier qu'en 2006

Des négociations étaient pourtant censées s'engager vendredi au Caire pour que le cessez-le-feu puisse durer plus longtemps que les précédentes trêves unilatérales et toutes avortées.

Malgré l'échec de la trêve, l'Égypte a assuré que son invitation aux délégations israélienne et palestinienne tenait toujours.

Une délégation palestinienne composée de représentants du Hamas, de son allié le Jihad islamique et du Fatah devait se rendra au Caire samedi «quelles que soient les circonstances», a indiqué le président palestinien Mahmoud Abbas dans un communiqué.

L'opération militaire «Bordure protectrice» déclenchée le 8 juillet vise à faire cesser les tirs de roquettes du Hamas et du Jihad islamique et les attaques menées en Israël par des commandos infiltrés par des tunnels.

Au total, 63 soldats et 3 civils ont perdu la vie côté israélien.

Des manifestations sporadiques en soutien à Gaza ont éclaté en Cisjordanie. Deux Palestiniens ont été tués à Tulkarem, près de Naplouse (nord), et à Safaa (ouest). Plus d'une centaine ont été blessés dans le secteur de Hébron.