Israël a accepté de prolonger dimanche la trêve humanitaire observée la veille, une extension rejetée par le Hamas qui a repris ses tirs de roquettes et exige un retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza, où plus de 1000 Palestiniens ont été tués.

>> Première visite d'un des tunnels entre Gaza et Israël

Après une journée de répit samedi, l'angoisse va reprendre les civils de Gaza, largement majoritaires parmi les victimes des combats depuis le lancement le 8 juillet de l'opération «Bordure protectrice».

Car la trêve annoncée par Israël jusqu'à dimanche 21h00 (17h00 à Montréal) est unilatérale et menace d'imploser à la moindre occasion. Une vingtaine de roquettes ont ainsi été tirées samedi soir et dimanche matin sur le sud d'Israël, auxquelles l'armée israélienne a pour le moment répondu par des «tirs d'artillerie localisés».

«Aucune trêve humanitaire n'est valable sans retrait des chars israéliens de la bande de Gaza, sans que les habitants ne puissent retourner dans leurs maisons et que les ambulances transportant les corps soient libres de circuler à Gaza», a prévenu Fawzi Barhoum, le porte-parole du Hamas à Gaza.

Les responsables israéliens excluent sur tous les tons un retrait tant que l'armée israélienne n'aura pas réduit à néant la puissance de feu du Hamas et en particulier détruit son réseau souterrain et ses tunnels, où il dissimule son arsenal, ses centres opérationnels et d'où ses combattants lancent des attaques au coeur de l'État hébreu.

Le cabinet de sécurité israélien se réunira dimanche matin, en lieu et place de la réunion hebdomadaire du gouvernement pour «décider de la suite de l'opération».

Cité par les médias israéliens, le ministre de l'Économie Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif, a répété samedi soir son opposition à un cessez-le-feu durable sans «garanties substantielles de la part de la communauté internationale concernant la démilitarisation de la bande de Gaza».

Les ruines de Gaza

Même en cas de trêve durable resteraient les divergences de fond à aborder. Depuis plus de deux semaines, le Hamas pose comme condition une levée du blocus imposé depuis 2006 à la bande de Gaza par Israël, dont l'armée s'était unilatéralement retirée de l'enclave en 2005.

Témoignant de la tâche ardue des médiateurs internationaux, le cabinet de sécurité israélien avait rejeté vendredi une proposition transmise par le secrétaire d'État américain John Kerry pour un cessez-le-feu de sept jours qui permettrait d'engager des négociations indirectes.

Si John Kerry relativisait ce rejet en évoquant des problèmes de «terminologie», l'État hébreu a jugé, selon les radios israéliennes, l'offre trop favorable au Hamas, considéré comme une organisation «terroriste» par Israël, les États-Unis et l'Union européenne.

Samedi, une réunion à Paris de plusieurs ministres des Affaires étrangères, dont John Kerry, n'a accouché d'aucune proposition concrète si ce n'est une demande de prolongation du cessez-le-feu. Un porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a également exigé des belligérants qu'ils acceptent «un cessez-le-feu humanitaire d'une semaine».

L'épreuve terrible des 1,8 million de Gazaouis, en plein mois de ramadan, n'est donc pas terminée. Samedi, ceux qui ont profité de la trêve pour retourner dans leur quartier ont découvert des scènes de désolation: maisons défoncées, éventrées, effondrées, dépouilles noircies au milieu des ruines et traces de sang mêlées aux empreintes des chars israéliens.

Malgré l'arrêt des combats, le tribut payé par les civils, qui met Israël en butte aux critiques de la communauté internationale, a encore été illustré par la comptabilité macabre tenue par les secours locaux: quelque 150 corps ont été retirés samedi des décombres qui jonchent du nord au sud les villes de la bande de Gaza.

Quarante-deux soldats israéliens sont également tombés, ce qui représente les pertes militaires les plus élevées depuis la guerre de l'été 2006 contre le Hezbollah libanais. Les roquettes ont aussi tué trois civils en Israël.

Des bombes non explosées

Le Hamas avait déconseillé aux déplacés, dont plus de 160 000 ont trouvé refuge dans des locaux de l'ONU, d'approcher des immeubles bombardés et des zones de combats par crainte d'engins non explosés ou piégés.

«Nous avons peur d'ouvrir une porte et de tomber sur une bombe», a témoigné Khader Soukar, un rescapé de Chajaya, une banlieue particulièrement éprouvée à l'est de l'agglomération de Gaza.

Beaucoup se sont surtout empressés de recueillir quelques maigres effets, vêtements ou couvertures, ou d'acheter vivres et carburant, au milieu du ballet ininterrompu d'ambulances, tandis que le bourdonnement des drones rappelait la menace.

Ce conflit, le quatrième depuis le retrait unilatéral israélien de Gaza en 2005, menace de s'étendre à la Cisjordanie, où les heurts entre manifestants dénonçant l'offensive à Gaza et les forces israéliennes ont coûté la vie à huit Palestiniens depuis jeudi soir.

Samedi soir, plusieurs milliers d'Israéliens se sont rassemblés à Tel-Aviv, malgré l'interdiction de la police pour des «raisons de sécurité», pour réclamer la fin de l'opération à Gaza.