Le chef de l'ONU et celui de la diplomatie américaine tentaient mardi d'arracher un cessez-le-feu deux semaines après le début d'une offensive menée par Israël dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 600 morts palestiniens.

Le secrétaire d'État américain John Kerry était au Caire où il a rencontré le chef de l'ONU Ban Ki-moon et le président Abdel Fattah al-Sissi, l'Égypte étant le médiateur traditionnel entre Israël et le mouvement Hamas qui contrôle l'enclave palestinienne.

Pour tenter de faire cesser un conflit dans lequel 27 soldats et deux civils israéliens ont également été tués, M. Ban se rend en Israël et en Cisjordanie occupée et a rencontré mardi après-midi le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

«Mon message aux Israéliens et aux Palestiniens est le même: "Arrêtez de combattre, commencez à parler. Traitez à la racine les causes du conflit pour que nous ne soyons pas dans la même situation dans six mois ou un an"», a déclaré M. Ban lors d'une conférence de presse avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.

M. Ban a appelé le Hamas et ses alliés à cesser «immédiatement» les tirs de roquettes sur Israël, mais il n'a pas ménagé non plus les autorités israéliennes.

«Nous condamnons fortement les attaques de roquettes, elles doivent cesser immédiatement», a souligné le secrétaire général de l'ONU, reconnaissant la «préoccupation légitime et le droit (d'Israël) à se défendre et à défendre ses citoyens».

Mais «nous devons adresser les problèmes de fond, notamment la reconnaissance mutuelle, l'occupation, le désespoir et la négation de la dignité (des Palestiniens) pour que les gens ne ressentent plus le besoin de recourir à la violence pour exprimer leurs griefs», a-t-il souligné.

«L'action militaire n'assurera pas la stabilité et la sécurité d'Israël à long terme», a martelé Ban Ki-moon, appelant les autorités à faire preuve d'une «retenue maximum» pour limiter le nombre de victimes civiles à Gaza.

De son côté, M. Nétanyahou a répété la position officielle de son gouvernement et appelé le monde à faire de même en considérant le mouvement islamiste Hamas comme responsable des centaines de civils tués en deux semaines d'opérations militaires israéliennes à Gaza.

«La communauté internationale doit reconnaître le Hamas comme responsable de la hausse de ses attaques aveugles (...) et de l'utilisation de civils palestiniens en tant que boucliers humains et de les mettre volontairement en danger», a-t-il dit.

«Le peuple de Gaza est la victime du régime brutal du Hamas», a encore jugé M. Nétanyahou.

L'armée israélienne déterminée

Mais l'armée israélienne affichait toujours sa détermination à poursuivre son offensive, bien qu'elle enregistre avec ce cinquième conflit son bilan le plus lourd depuis son désengagement de la bande de Gaza en 2005.

«Nous allons poursuivre cette opération pour lutter contre le terrorisme», a assuré Peter Lerner, un porte-parole de l'armée.

Le ministre de l'Économie, Naftali Bennett, un faucon, a exprimé son opposition à tout cessez-le-feu : «Nous payons un prix élevé et nous n'allons pas faire le travail à moitié».

Photo: AP

Ban Ki-Moon et John Kerry se sont rencontrés lundi au Caire.

«Protéger les civils»

À Doha, où il se sont rencontrés lundi, le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef du Hamas Khaled Mechaal ont convenu «d'oeuvrer ensemble en faveur d'un cessez-le-feu», appelé à la fin de «l'agression israélienne» et à la levée du blocus de Gaza instauré en 2006.

L'armée israélienne a lancé le 8 juillet une opération aérienne, baptisée «Bordure protectrice», étendue à une offensive terrestre le 17 juillet, afin de neutraliser les capacités militaires du Hamas.

L'objectif affiché est quasi identique à ceux des quatre conflits précédents : désarmer le mouvement islamiste. Il s'agit de faire cesser les tirs de roquettes, détruire les tunnels de transport des armes et arrêter les «infiltrations» en Israël.

Depuis le début des hostilités, quelque 1600 impacts de roquettes ont été comptabilisés en Israël, et 396 autres projectiles ont été interceptés par le système antimissile Dôme de fer, selon l'armée.

Au Caire, M. Kerry a réaffirmé mardi le «droit d'Israël à se défendre». Dans la nuit, il s'était dit néanmoins «profondément inquiet» du sort des civils de Gaza, premières victimes du conflit dans l'enclave densément peuplée et assiégée. Il a promis 47 millions de dollars d'aide aux civils de l'enclave.

La violence «doit cesser immédiatement. Ce que nous avons vu ces derniers jours est inacceptable», a de son côté martelé Ban Ki-moon.

Mardi matin, au 15e jour des opérations israéliennes, selon les secours à Gaza, le bilan a atteint 609 morts, soit une trentaine de victimes supplémentaires par rapport à lundi, un chiffre difficile à vérifier compte tenu du chaos régnant à Gaza où des corps de personnes décédées les jours précédents continuent d'être retrouvés dans les décombres en plus des dépouilles de Palestiniens tués mardi.

Au total, quelque 3700 personnes ont aussi été blessées et 100 000 déplacés ont trouvé refuge auprès de l'ONU.

Parmi les nouvelles victimes mardi, on dénombre une femme enceinte et une fillette de quatre ans à Beit Hanoun (nord, près de la frontière) et cinq membres d'une même famille, dont quatre femmes dans le camp de Deir al-Balah (centre).

L'armée israélienne fait, elle, état de 183 «terroristes» tués depuis le 17 juillet.

27 soldats israéliens tués

L'armée israélienne a perdu 27 soldats, soit le bilan le plus lourd depuis la guerre de l'été 2006 contre le Hezbollah libanais.

Un soldat, dont le Hamas avait revendiqué l'enlèvement, a été déclaré mort par l'armée bien que sa dépouille n'ait pas été formellement identifiée. Par ailleurs, mardi matin, les forces israéliennes ont annoncé poursuivre une opération à Chajaya, «connu pour sa forte concentration d'activités terroristes».

Plus de 70 Palestiniens, dont de très nombreux civils, ont trouvé la mort dimanche dans cette banlieue à l'est de la ville de Gaza, dans des pilonnages massifs de l'artillerie israélienne. Ce bombardement a été qualifié de «massacre» et de «crime de guerre» par la Ligue arabe et d'«action atroce» par l'ONU.

L'armée se justifie en accusant son ennemi d'utiliser la population civile comme un bouclier humain «en ouvrant le feu sur Israël à partir d'écoles, d'hôpitaux et de mosquées».

Amnistie internationale a qualifié les bombardements de ces installations civiles «de possibles crimes de guerre» et réclamé «une enquête internationale indépendante».

La tension monte également en Cisjordanie occupée, où un Palestinien a été tué lundi soir, et dans les grandes villes arabes du nord d'Israël.

Ce cycle de violences a été déclenché par l'enlèvement et le meurtre en juin de trois adolescents israéliens, attribués par Israël au Hamas, suivis de l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem.

Photo: Reuters

Des Palestiniens pleurent la mort de leurs proches à l'extérieur d'une morgue à Rafah.