Depuis le début du nouvel affrontement entre Israël et le Hamas, l'administration Obama semble se contenter du rôle de spectateur. Ne devrait-elle pas chercher à s'interposer entre les belligérants? La Presse a posé vendredi cette question et d'autres à Aaron David Miller, ancien négociateur américain au Proche-Orient sous six secrétaires d'État, dont James Baker, Madeleine Albright et Colin Powell.

Q : Quel rôle les États-Unis peuvent-ils jouer pour mettre fin aux hostilités entre Israël et le Hamas?

R : C'est une question de timing. En ce moment, je ne vois pas un rôle déterminant pour les États-Unis. Voyez où nous en sommes: nous avons connu neuf jours de roquettes et de frappes aériennes. Israël a pris la décision pour une multitude de raisons d'envoyer des troupes au sol. Ce serait le pire moment pour une intercession. Le fait est que vous avez besoin de trois conditions pour intercéder. Vous avez besoin d'une urgence, c'est-à-dire que les parties doivent être prêtes à mettre fin à l'escalade. Vous avez besoin d'un médiateur ou d'un groupe de médiateurs. Et vous avez besoin d'une proposition d'entente. Franchement, aucune de ces conditions n'est présente. Le moment d'une médiation américaine n'est pas venu. Et les États-Unis, aussi influents soient-ils auprès d'Israël, n'ont aucune influence sur le Hamas.

Q : Quel est l'impact sur la situation actuelle de l'échec des efforts du secrétaire d'État américain John Kerry pour relancer le processus de paix au Proche-Orient?

R : Il ne veut pas échouer à nouveau! Ayant échoué à apporter la paix, il ne veut pas donner l'impression d'avoir échoué à stopper une guerre. Écoutez, il était censé se rendre deux fois au Proche-Orient. La première fois, alors qu'il était à Vienne, il a annulé. Et j'ai appris hier qu'il préparait une autre visite. Il était censé partir aujourd'hui, mais il n'ira pas. Il est toujours préférable de parler directement aux parties, mais veut-il, en fin de compte, donner l'impression d'être marginalisé ou ignoré parce qu'il ne peut pas mettre fin aux hostilités? Non.

Q : Vous dites que les États-Unis n'exercent aucune influence sur le Hamas. Qu'en est-il vraiment de leur influence sur le premier ministre israélien?

R : Benyamin Nétanyahou sera influencé le jour où le Hamas sera influencé. Soyons clair: il y a une asymétrie ici. Le Hamas a pris la décision de frapper tôt et d'utiliser ses roquettes de longue portée, ce qui a surpris les Israéliens. Le Hamas n'avait pas besoin de répondre de cette façon.