Benyamin Nétanyahou lancera-t-il une offensive terrestre à Gaza? Au 10e jour de l'opération Bordure protectrice, la question est sur toutes les lèvres. Et la réponse pourrait être dictée non seulement par l'évolution de la guerre avec le Hamas, mais aussi par une autre lutte: celle, politique, qui se joue actuellement à la Knesset, le Parlement israélien.

«Le premier ministre Nétanyahou subit de la pression sur le flanc droit de la part de sa propre coalition et de son propre parti. Ce ne sera pas le seul facteur, mais cela pourrait le pousser à faire des gestes plus forts», dit Neri Zilber, chercheur invité au Washington Institute.

«Le contexte politique le pousse à faire quelque chose de plus agressif que ce qu'il voudrait probablement faire, confirme Ofer Zalzberg, analyste de l'International Crisis Group à Jérusalem. Nous allons voir comment cela se traduira, mais il est possible qu'Israël fasse à Gaza une incursion terrestre limitée pour montrer qu'il n'a pas peur d'y aller.»

La pression exercée sur Nétanyahou provient de poids lourds de son gouvernement. Le ministre de l'Économie, Naftali Bennett, pousse fortement pour une intervention terrestre à Gaza. Quant au ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, il prône carrément la reconquête militaire de ce territoire.

«Il y a des moments où les décisions doivent être prises avec calme et patience, pas dans la précipitation et le bruit», a répliqué hier M. Nétanyahou dans une intervention télévisée.

Coalition fragile

Nétanyahou est toutefois dans une situation politique fragile. Il se maintient au pouvoir grâce à une coalition disparate de cinq partis qui vont de la gauche à la droite nationaliste et dont les idées sur la façon de gérer la question palestinienne sont très divergentes.

«Cette coalition a été construite avec la volonté de ne pas accorder une grande priorité à la question palestinienne, explique Ofer Zalzberg, de l'International Crisis Group. C'est ce qui lui permet de réunir des gens qui ne partagent pas du tout les mêmes vues sur le sujet.»

Mais les événements récents ont ramené le conflit israélo-palestinien à l'avant-scène et fragilisé cette coalition. Et comme chaque fois que la population israélienne se sent en danger, la droite en sort gagnante.

La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a fait le premier croc-en-jambe à son premier ministre. Tout en demeurant dans la coalition, il a brisé la fusion de son parti, la formation d'extrême droite nationaliste Beiteinu, avec le Likoud, le parti de Nétanyahou.

«Cela veut dire que Lieberman, aujourd'hui, peut renverser la coalition quand il le veut et forcer des élections», explique l'analyste Ofer Zalzberg.

Selon lui, cette menace obligera Nétanyahou à être plus rigide envers le Hamas lorsqu'il négociera les conditions du prochain cessez-le-feu.

Selon Neri Ziber, du Washington Institute, les pressions de la droite n'ont pas encore été «décisives» dans les actions de Benyamin Nétanyahou. Il reste à voir si cela restera le cas.