Malgré une proposition de trêve initiée par l'Égypte -acceptée ce matin par Israël mais refusée par le Hamas-, les bombardements se sont poursuivis, hier, à Gaza. Sur le terrain, les écoles administrées par l'ONU sont devenues de véritables camps de réfugiés pour les populations locales, a constaté notre journaliste. Depuis dimanche, ils seraient 10 000 à avoir quitté Beit Lahiya, dans le nord du territoire enclavé, pour fuir les affrontements.

Depuis 2000, les affrontements entre Israël et le Hamas ont forcé Nabiha Lata à quitter sa maison à trois reprises pour se réfugier dans des écoles. Mais les échanges de tirs entre le Hamas et l'armée israélienne, qui durent depuis maintenant huit jours, sont les «pires» qu'elle ait vus.

«Nous habitons dans le nord de la bande de Gaza, près de la frontière. Depuis plusieurs années, nous avons vu des bombes tomber du ciel, d'autres arriver par la mer. Mais jamais comme ça», a dit la femme de 50 ans.

Comme près de 10 000 personnes, selon des responsables de l'ONU, elle a quitté le nord de la bande de Gaza il y a trois jours, au beau milieu de la nuit. Elle a marché environ deux heures pour gagner la ville de Gaza, où elle a trouvé une place dans une école de l'office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

Israël avait prévenu dimanche les résidants de Beit Lahiya de frappes importantes à venir. La ville de 70 000 habitants est souvent le théâtre d'affrontements entre l'armée israélienne et le groupe islamiste Hamas, responsable des bombardements en Israël.

Aussi originaire de cette ville, Rafi Sulta avait déjà pris la décision de partir quand les avertissements ont été parachutés par des hélicoptères. «Nous avons eu peur, a expliqué le père de six enfants âgés de 1 à 10 ans. Je remercie Dieu que nous soyons tous sains et saufs après ce que j'ai vu. J'étais assis dans ma maison quand j'ai entendu des «clashes». J'ai dit aux enfants de se coucher par terre et j'ai réussi à regarder un peu dehors. J'ai vu beaucoup d'affrontements, des tirs et des bombes, et j'ai eu peur.»

Il partage maintenant une pièce avec 70 personnes de sa famille élargie. Les pupitres de l'école primaire Beach ont été poussés contre le mur et d'autres ont été mis dans le couloir extérieur qui relie les classes.

Quelque 1400 personnes sont entassées dans les 39 classes réparties sur 4 niveaux. Elles n'ont pas de matelas et sont parties avec presque rien, mais l'UNRWA leur offre les deux repas du ramadan - les musulmans pratiquants ne mangent rien du lever au coucher du soleil -, de l'eau et des produits d'hygiène.

En tout, 11 personnes de l'ONU travaillent à l'école primaire Beach pour aider ces nouveaux réfugiés.

«Nous avons trop de monde, admet Amal Zakoud, responsable de l'école. Il y a des familles qui viennent et nous n'avons plus de classes. Nous avons dû aménager un coin dans un couloir.» Quinze écoles accueillent les gens dans la ville de Gaza, mais il pourrait y en avoir d'autres, assure-t-elle.

Si elle croit vraiment en la mission de l'UNRWA, elle trouve que le gouvernement palestinien devrait en faire plus pour aider les civils. Le Hamas, à la tête de la bande de Gaza et responsable des tirs de roquettes vers Israël, mais aussi l'Autorité palestinienne, qui dirige la Cisjordanie et avec laquelle le Hamas s'est réconcilié pour former un gouvernement palestinien unifié récemment. «Ils sont responsables de nous, a dit la femme. Ils devraient nous aider. Avec ce nouveau gouvernement, on espère qu'ils le feront. Au nom de la Palestine, pas du Fatah [parti du président de l'Autorité palestinienne] ou du Hamas.»

Rafi Sulta a hâte de rentrer chez lui. Ses enfants ont peur, ajoute-t-il en regardant sa fille Sabrine. Selon lui, «Israël crée des problèmes», mais le Hamas alimente le feu.