Deux Palestiniens ont été tués mardi après-midi dans la bande de Gaza, où les frappes israéliennes, qui ont fait au total 194 morts en huit jours, ont repris après une courte trêve.

Un homme de 77 ans est mort à Khan Younès, dans le sud de l'enclave, et une autre personne est décédée dans une frappe à l'est de la ville de Gaza, a annoncé Achraf al-Qoudra, porte-parole des services de secours.

Il s'agit des premières victimes depuis la reprise des raids israéliens après une trêve de six heures observée par l'État hébreu, mais rejetée par le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.

Avant cette trêve proposée par l'Égypte, trois personnes avaient été tuées dans deux raids à Khan Younès, et une femme avait succombé dans un bombardement à Rafah (sud).

Les services de secours palestiniens ont aussi annoncé le décès mardi de deux personnes blessées lors de précédents bombardements.

Le Hamas n'avait pas accepté la trêve et a poursuivi ses tirs de roquettes toute la journée. L'une de ces roquettes a touché mardi matin la ville d'Ashdod, située à 28 km au nord de la bande de Gaza, selon une source policière qui a précisé qu'aucun blessé n'avait été signalé.

Une série de frappes a visé l'enclave palestinienne, notamment la ville de Khan Younès et le quartier de Zeitoun, dans l'est de la ville de Gaza.

Quelques minutes avant ces frappes, le porte-parole de l'armée, Peter Lerner, avait indiqué sur son compte Twitter que les bombardements allaient reprendre: «Après six heures de tirs aveugles de roquettes sur Israël, les forces de défense ont repris leurs activités opérationnelles contre le Hamas».

«Après que le Hamas et le Jihad islamique ont rejeté la proposition égyptienne pour un cessez-le-feu et tiré des dizaines de roquettes sur Israël, le premier ministre et le ministre de la Défense ont décidé d'agir avec fermeté contre des cibles terroristes à Gaza», a indiqué un responsable gouvernemental israélien, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

Le gouvernement israélien avait accepté une proposition égyptienne de trêve à Gaza, rejetée par le Hamas palestinien qui menace d'intensifier les hostilités avec Israël, entrées dans leur deuxième semaine, tant qu'il n'aura pas obtenu la levée du blocus de l'enclave palestinienne.

«Le cabinet de sécurité a décidé d'accepter l'initiative égyptienne pour un cessez-le-feu commençant à 9h locales (2h à Montréal)», a affirmé un porte-parole du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

L'armée israélienne a dit avoir stoppé ses raids sur le territoire palestinien, qui ont fait près de 200 morts, en majorité des civils, depuis une semaine. Les bombardements semblaient avoir cessé dans la matinée, selon des journalistes de l'AFP à Gaza. L'armée a fait état de trois tirs de roquettes vers Israël après 2 heures.

Israël a toutefois averti que son armée «frapperait avec force» le Hamas si les attaques à la roquette continuaient, selon la radio publique.

Mardi matin, une nouvelle roquette tirée de Gaza a touché la ville israélienne d'Ashdod (sud), selon la police.

Un ministre proche de Benyamin Nétanyahou, cité par les médias, avait auparavant jugé que «le Hamas sortait affaibli de ce round de confrontation. Ses capacités à tirer et produire des roquettes ont été durement atteintes».

PHOTO JACK GUEZ, AFP

Un hélicoptère Apache de l'aviation israélienne survole la bande de Gaza, le 15 juillet.

Pas de reddition

Le Hamas a écarté tout cessez-le-feu qui n'inclurait pas un accord complet sur le conflit l'opposant à Israël.

Il exige l'arrêt des bombardements, la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l'ouverture du poste-frontière de Rafah avec l'Égypte et la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés dans le cadre d'un accord d'échange contre un soldat israélien en 2011.

«Un cessez-le-feu sans parvenir à un accord est exclu. En temps de guerre, on ne cesse pas le feu pour ensuite négocier», a déclaré à l'AFP Fawzi Barhoum, un porte-parole du Hamas à Gaza.

La branche militaire du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a qualifié la proposition égyptienne de «reddition» et menacée d'«intensifier» sa lutte contre Israël.

Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza sur le plan sécuritaire, a fermé mardi matin son poste de contrôle frontalier avec Israël, empêchant toute entrée et sortie de l'enclave.

Médiatrice lors des précédentes crises entre Israël et le Hamas, l'Égypte a proposé un «arrêt total des hostilités aériennes, maritimes ou terrestres» à compter de mardi à 6h GMT (2h à Montréal) et l'ouverture dans la foulée de négociations sur l'entrée des biens et des personnes dans l'enclave palestinienne sous blocus depuis 2006.

La Ligue arabe, réunie au Caire, a appelé dans la nuit Israéliens et Palestiniens à accepter cette proposition, saluée aussi par le président américain Barack Obama et l'émissaire du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair.

Rétablir le calme

«J'espère (que cette proposition) permettra de rétablir le calme», a déclaré M. Obama.

La Maison-Blanche avait auparavant mis en garde Israël contre une offensive terrestre «parce que cela mettrait en danger davantage de civils», tout en répétant qu'Israël avait le «droit» et la «responsabilité» de protéger ses citoyens.

Le président palestinien Mahmoud Abbas s'est également félicité de l'initiative égyptienne, appelant les deux parties à respecter le cessez-le-feu.

Le ballet diplomatique devait se poursuivre mardi.

Si le secrétaire d'État américain John Kerry a renoncé à se rendre au Caire, ses homologues allemand et italien étaient attendus au Proche-Orient.

Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier devait rencontrer mardi Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas. La ministre italienne des Affaires étrangères Federica Mogherini, dont le pays préside l'UE, lui succédera mercredi.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé que «trop de civils palestiniens» avaient été tués.

En une semaine, les bombardements israéliens de la bande de Gaza ont fait 192 morts et près de 1300 blessés, selon un dernier bilan des services de secours qui dépasse les 177 morts palestiniens enregistrés lors de l'offensive de novembre 2012.

La spirale de violences actuelles a été enclenchée après l'enlèvement et le meurtre de trois étudiants israéliens près de Hébron (Cisjordanie occupée) en juin, attribués par Israël au Hamas, suivis de l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem, pour lequel trois extrémistes juifs doivent être inculpés dans les prochains jours.

Selon l'armée israélienne, environ 840 roquettes ont atteint Israël depuis le début des hostilités et près de 200 ont été interceptées par la défense antiaérienne.

Elles ont fait quatre blessés graves. En 2012, six Israéliens avaient été tués.

En outre, des roquettes ont été lancées dans la nuit de Syrie et du Liban, dont deux sont tombées sur le Golan, région occupée par Israël. D'autres projectiles se sont abattus tôt mardi matin sur le port israélien d'Eilat et aux alentours, près de la frontière avec l'Égypte et la Jordanie. Quatre personnes ont été légèrement blessées.

-Avec Philippe AGRET et Sakher ABOU EL OUN