Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, ne cessera pas de s'armer parce que seul un arsenal puissant, et non pas des négociations, peut permettre d'obtenir des concessions d'Israël, a déclaré samedi le no 2 de l'organisation islamique à l'Associated Press.

Ces commentaires de Moussa Abu Marzouk, trois jours seulement après les combats les plus violents avec l'État hébreu depuis quatre ans, portent à croire que la trêve négociée par l'Égypte entre les deux voisins belliqueux pourrait ne pas déboucher sur de nouvelles ententes territoriales.

Le Hamas demande à l'Égypte et à Israël d'éliminer toutes les restrictions à la circulation des biens et des individus pour entrer et sortir du territoire palestinien, qui ploie sous un blocus frontalier depuis que les islamistes ont pris le contrôle de Gaza en 2007. Ces restrictions ont été légèrement amoindries au cours des dernières années, mais pas assez pour que l'économie dévastée de Gaza se développe.

Aucun porte-parole israélien n'a pu être joint pour réagir aux propos, samedi. Cependant, un responsable israélien en matière de sécurité a déclaré cette semaine que le relâchement du blocus économique serait certainement lié à la volonté du Hamas de cesser de transporter des armes à Gaza ou d'en fabriquer sur place.

M. Mazrouk a cependant affirmé samedi que le Hamas ne désarmerait pas, arguant que l'histoire palestinienne récente a démontré que les négociations avec Israël ne menaient à rien à moins d'être appuyées par la force.

«Il n'est pas question de nous débarrasser de nos armes», a dit M. Mazrouk dans ses bureaux en banlieue du Caire, en Égypte. «Ces armes nous ont protégés et il n'y a pas de moyen pour cesser de les obtenir et de les fabriquer.»

Le Hamas se dit toutefois prêt à un cessez-le-feu au long cours avec l'État hébreu.

Le groupe aurait amassé un important arsenal de milliers de roquettes depuis la dernière intervention militaire d'Israël à Gaza, il y a quatre ans. Le Hamas a également fait passer des armes en contrebande dans des tunnels courant sous la frontière égyptienne, en plus d'affirmer avoir commencé à fabriquer des fusées à plus grande portée à Gaza.

Lors des derniers combats, le Hamas a lancé des roquettes Fajr-5 de fabrication iranienne qui sont tombées au coeur de l'État israélien, y compris à Tel-Aviv et à Jérusalem pour la première fois. Les avions israéliens ont bombardé la région des tunnels lors de l'offensive, pour freiner la contrebande, et les exploitants de ces tunnels ont fait état de lourds dommages, mais ils ont été en mesure, par le passé, de les réparer rapidement.

Si le Hamas a été largement condamné par les chancelleries occidentales comme un groupe terroriste, M. Marzouk affirme que ce boycott s'érode lentement, soulignant l'appui américain à l'accord de cessez-le-feu conclu par l'Égypte et les négociations indirectes qui se poursuivent entre le groupe et Israël.

Les leaders du Hamas affirment par ailleurs que le groupe a émergé victorieux de ce nouveau round de violence, soulignant qu'Israël n'a pas mis sa menace d'intervention terrestre à exécution à Gaza. L'État hébreu dit de son côté avoir atteint son but, soit l'arrêt des tirs de roquettes sur son territoire.