La guerre de huit jours est terminée. Après une ultime explosion de violence, Israël et le Hamas ont conclu un accord de cessez-le-feu, hier. Une trêve accueillie avec soulagement et prudence. L'État hébreu s'engage notamment à alléger le blocus imposé à la bande de Gaza.

Des salves de tirs et un concert de klaxons ont accueilli, à Gaza, l'annonce du cessez-le-feu conclu entre le Hamas et Israël, après deux journées de montagnes russes entre l'espoir et la violence déchaînée.

Mais cette explosion de joie est bien trompeuse, car, tant dans la bande de Gaza qu'en Israël, la trêve est accueillie avec beaucoup de réserves.

Il ne faudrait pas grand-chose, en effet, pour faire tout déraper, selon le journaliste Hassan Jaber, du journal palestinien Al-Ayyam. «Il suffirait d'une seule attaque israélienne, ou d'une roquette d'une faction armée palestinienne, pour que tout recommence.»

Du côté israélien, la cessation des hostilités est loin de faire l'unanimité. «Je pense que c'est une mauvaise décision, qui va renforcer l'influence du Hamas à Gaza. On ne peut pas, pour le moment, négocier une trêve avec des organisations terroristes qui continuent de s'en prendre aux populations civiles», proteste Asaf Levin, étudiant en génie à l'Université de Tel-Aviv.

Un certain flou

Selon les termes de ce cessez-le-feu, conclu avec la médiation de l'Égypte, Israël s'engage à cesser toute attaque contre Gaza, y compris les assassinats ciblés de militants palestiniens. L'État hébreu se donne 24 heures avant d'ouvrir ses frontières et d'alléger les restrictions sur les mouvements entre Gaza et Israël.

Le Hamas et le Djihad islamique, qui a participé à la négociation, se sont engagés à cesser tous les tirs de roquettes et les attaques contre les postes frontaliers de l'État hébreu.

Cette entente laisse beaucoup de questions importantes dans le flou, estime l'analyste israélien Yossi Alpher. Maintenant que le dialogue est ouvert, quelles seront les relations d'Israël avec le Hamas, considéré ici comme une organisation terroriste infréquentable? Jusqu'où ira la levée du blocus imposé à la bande de Gaza?

«Il est trop tôt pour analyser les termes du cessez-le-feu», dit cet expert.

Flambée de violence

Le président égyptien, Mohamed Morsi, avait annoncé la signature imminente d'une trêve dès mardi soir. Mais les négociations ont achoppé à la dernière minute, ouvrant la porte à une ultime explosion de violence. Pendant les 24 dernières heures de la guerre, l'armée israélienne a pilonné la bande de Gaza avec une rare intensité. Une centaine de frappes ont causé 20 morts et détruit les derniers bâtiments du gouvernement du Hamas encore debout.

De son côté, un groupe armé palestinien, les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, a semé la terreur à Tel-Aviv, faisant exploser un autobus dans une déflagration qui a rappelé aux Israéliens les heures sombres de la deuxième intifada, au début des années 2000. Cette milice armée est affiliée au Fatah, le parti rival du Hamas.

La bombe a explosé dans un autobus, non loin du ministère de la Défense et du grand centre commercial Azrieli. L'explosion s'est produite alors qu'Hillary Clinton, la secrétaire d'État américaine, et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, continuaient leur médiation pour parvenir à un accord entre l'État hébreu et le Hamas.

Marcelle Azoulay se trouvait dans un autre autobus, sur le même boulevard, quand la bombe a explosé. «Nous sommes tous sortis et nous avons vu tous ces gens en sang. Quand j'ai compris que c'était une bombe, mes nerfs ont lâché. J'ai même dû me rendre à l'hôpital le plus proche pour prendre un calmant!», a confié la dame, visiblement ébranlée.

Dans toute la ville, la nouvelle s'est répandue et la peur s'est propagée. Les rues se sont vidées - tous se sont empressés de rentrer à la maison.

«Je vis en Israël depuis que j'ai 12 ans. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vécu une situation si tendue. Je n'en peux plus», a lancé Marcelle Azoulay.

PHOTO ARIEL BESHOR, REUTERS

L'explosion, qui a fait au moins 17 blessés, a eu lieu à bord d'un autobus de la Compagnie Dan qui reliait les localités de Atidim et Bat-Yam, toutes deux situées en périphérie de Tel-Aviv.

Espoir et amertume

À Gaza, la nouvelle de l'attentat a suscité des réactions mitigées. «Si je le pouvais, moi aussi je ferais des attentats», a lancé une femme qui venait de passer la nuit dans l'une des écoles de l'ONU qui ont été transformées en camps de déplacés, dans l'appréhension d'une intensification des bombardements.

Mais en même temps, les membres de sa famille élargie, qui s'apprêtaient à passer une deuxième nuit dans ce camp de fortune, n'en pouvaient plus des bombardements et rêvaient de reprendre le cours de leur vie normale.

Plusieurs accueillent avec espoir la perspective d'un allègement du blocus imposé à cette enclave palestinienne depuis la guerre de 2008-2009. «Pour la première fois, nous avons obtenu une ouverture des frontières, s'est réjoui Jason Shawa, imprimeur à Gaza. Avec un peu de chance, notre vie deviendra meilleure. La dernière fois, nous avons signé le cessez-le-feu pour rien.»

Mais cette victoire lui laisse néanmoins un goût amer. «C'est difficile de se sentir heureux. Trop de gens sont morts pour que nous obtenions une liberté de mouvement qui devrait être naturelle.»

Car cette guerre, qui n'aura duré que 8 jours, se conclut sur un bilan très lourd: 160 morts du côté palestinien, 5 du côté israélien. Sans compter les blessés, les traumatismes psychologiques et la destruction que cet affrontement laisse dans son sillage.

PHOTO KHALED DESOUKI, AFP

L'accord de cessez-le-feu a été annoncé, depuis Le Caire, par le chef de la diplomatie égyptienne, Mohammed Kamel Amr, lors d'une conférence de presse en compagnie de son homologue américaine, Hillary Clinton.