Un haut responsable du ministère israélien de la Défense, Amos Gilad, est attendu lundi en Egypte pour de nouvelles discussions sur un éventuel cessez-le-feu dans la bande de Gaza, où l'Etat hébreu a commencé à déployer des renforts de réservistes.

M. Gilad, qui s'est déjà rendu la semaine dernière au Caire, doit rencontrer le chef des services de renseignement égyptiens, Omar Souleimane, homme clef des négociations sensibles.

Le responsable égyptien devrait également poursuivre ses discussions séparées avec une délégation du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, où près de 900 personnes ont été tuées alors que l'offensive entre lundi dans son 17e jour.

Sur le terrain, l'armée israélienne a effectué dimanche des incursions dans des quartiers périphériques de Gaza-ville, alors que l'aviation a mené 60 raids sur l'enclave palestinienne. Plus de 30 personnes, dont au moins dix activistes mais aussi plusieurs civils, ont été tuées dans les combats, selon des sources médicales palestiniennes.

A Rafah (sud), l'armée a bombardé 200 tunnels de contrebande creusés sous la frontière entre Gaza et l'Egypte, soit 66% de l'ensemble des souterrains, selon une porte-parole militaire. Ces bombardements ont blessé trois policiers et deux enfants côté égyptien, selon les services de sécurité égyptiens.

Le renfort de plusieurs milliers de réservistes à Gaza, rapporté dimanche par les télévisions israéliennes, pourrait préluder du lancement d'une «troisième phase» dans l'offensive militaire avec des assauts au coeur des villes et dans les camps de réfugiés, après les bombardements aériens et le déploiement de troupes au sol.

Selon les médias, le gouvernement hésitait jusqu'à présent à donner son feu vert à cette «troisième phase», synonyme d'une escalade.

La ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni préconise un retrait immédiat de l'armée, suivi d'attaques systématiques au cas où le Hamas poursuivrait ses tirs de roquettes vers Israël.

Le ministre de la Défense Ehud Barak, également réticent à cette troisième phase, préconise une trêve garantissant aussi la fin de la contrebande d'armes par les tunnels entre Gaza et l'Egypte.

En revanche, le Premier ministre démissionnaire Ehud Olmert est favorable à une escalade, comme le chef du Shin Beth, le service de sécurité intérieure Youval Diskin et le commandant de la région sud d'Israël, le général Yoav Galant, chargé de l'opération «Plomb durci», selon les télévisions.

Malgré les frappes israéliennes, 19 roquettes ont visé dimanche des localités du sud sans faire de victime.

Plus de 660 roquettes ont été tirées depuis le début de l'offensive, faisant quatre morts et touchant pour la première fois des villes à plus de 40 km de la bande de Gaza, selon Israël.

Selon un dernier bilan du chef des services d'urgence de Gaza Mouawiya Hassanein, au moins 890 Palestiniens ont été tués, dont 275 enfants, et plus de 3.800 blessés depuis le début de l'offensive le 27 décembre.

Israël a toutefois envisagé dimanche, pour la première fois depuis le 27 décembre, une fin proche de son offensive sur le territoire où s'entasse 1,5 million de Palestiniens.

M. Olmert, qui avait ordonné vendredi la poursuite des opérations militaires à Gaza malgré une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat, a annoncé que l'offensive se rapprochait «de ses objectifs».

Le vice-ministre israélien de la Défense Matan Vilnaï a également estimé qu'Israël était «proche de l'arrêt des actions terrestres et de l'ensemble des opérations d'une manière générale» dans la bande de Gaza.

Dimanche, l'Egypte a poursuivi ses efforts pour arracher un cessez-le-feu, en préalable à des négociations sur un accord global. Les entretiens de M. Souleimane et une délégation du Hamas ont été qualifiés de «positifs» par un responsable égyptien. Mais selon un dirigeant du mouvement au Liban, Ossama Hamdane, ils ont permis d'obtenir «des progrès sur certains points» seulement.

Le Caire a par ailleurs convoqué l'ambassadeur d'Israël pour exiger que l'Etat hébreu respecte les dispositions de la résolution de l'ONU sur Gaza, notamment en autorisant les «couloirs humanitaires».

A Washington, le président élu Barack Obama a déclaré qu'il mettait en place une équipe afin de disposer, dès son investiture le 20 janvier, «des meilleures personnes possibles qui pourront s'engager immédiatement dans le processus de paix au Proche-Orient dans son ensemble».

Alors que la situation humanitaire reste tragique dans le territoire palestinien, le Venezuela a annoncé dimanche le départ d'un avion chargé de 12,5 tonnes d'aide médicale pour la population de Gaza.

A Chypre, un bateau chargé de plusieurs tonnes d'aide humanitaire et avec à son bord des militants pro-palestiniens, des médecins et des parlementaires européens, doit quitter lundi le port de Larnaca (sud) à destination de Gaza.

Un million de personnes dans la bande de Gaza vivent sans électricité, 750 000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, selon l'ONU.