Tout d'abord, il y a eu un projet de «déclaration présidentielle», proposé par les États-Unis. Les pays arabes membres du Conseil de sécurité de l'ONU ne voulaient rien savoir d'une prise de position aussi faible. La France, la Grande-Bretagne et les États-Unis sont revenus à la charge avec une proposition de résolution. Les pays arabes ont proposé la leur. Finalement, c'est un deuxième projet britannique qui a remporté la mise.

Les négociations qui ont eu lieu jeudi au siège de l'ONU à New York, notamment dans un café où on a encore le droit de fumer, ont connu de nombreux revirements. Des discussions interminables ont entouré le choix de mots. Seul point d'entente dès le départ: il fallait s'entendre rapidement.

 

«Les États-Unis et les pays arabes avaient beaucoup de pression de la part de l'opinion mondiale et de la rue arabe», explique Alain-Michel Ayache, politologue à l'UQAM et à l'Université Concordia. «Il fallait absolument faire un geste décisif.»

Les pays arabes voulaient notamment agir avant la prière du vendredi, qui génère souvent des manifestations politiques. Hier à la sortie des mosquées, 50 000 personnes se sont réunies pour manifester à Alexandrie, en Égypte, et des manifestations importantes ont aussi eu lieu dans d'autres pays musulmans.

La correspondante de NBC à l'ONU rapporte notamment que l'une des pommes de discorde était le verbe qui allait accompagner la demande de cessez-le-feu: les Américains préféraient «souligner l'urgence», les pays arabes «demander». Finalement, on a coupé la poire en deux: on «souligne l'urgence et appelle» à un cessez-le-feu. Même chose pour l'adjectif accompagnant le cessez-le-feu. Les pays arabes voulaient qu'il soit «immédiat», mais les États-Unis voulaient laisser le temps à Israël de finir son offensive. Un diplomate américain a eu l'idée d'ajouter «durable», ce qui permet à Israël de ne pas faire taire ses canons tant qu'il n'est pas certain que le cessez-le-feu sera «durable».

«Les États-Unis auraient préféré faire référence au Hamas, pour l'engager davantage à respecter les termes de la résolution», indique quant à lui Sami Aoun, politologue à l'Université Sherbrooke. «Mais les pays arabes ne veulent pas hausser son prestige. Et de toute façon, le Hamas ne peut être partie prenante aux négociations parce que ce n'est pas un pays membre.» La résolution fait plutôt référence à la nécessité d'une «réconciliation palestinienne».

La signature finale a aussi traîné à cause d'une demande particulière de la France. Selon M. Aoun, qui a des informateurs à l'ONU, le président français, qui était représenté jeudi par son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, aurait voulu que la signature soit reportée au vendredi pour pouvoir être à New York.