Tout en persistant dans son refus d'un arrêt de l'offensive contre la bande de Gaza, Israël a accepté mercredi l'ouverture d'un couloir humanitaire dans ce territoire palestinien soumis à des bombardements massifs qui ont fait la veille au moins 40 morts dans une école de l'ONU.

Sur le plan diplomatique, les efforts se sont intensifiés.

Le président égyptien Hosni Moubarak a invité Israéliens et Palestiniens à une réunion d'urgence pour tenter de mettre fin à la guerre. Il a aussi convié le Premier ministre israélien Ehud Olmert mercredi au Caire, après des discussions entre Israéliens et Palestiniens au niveau des experts, selon le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé lui qu'il se rendrait la semaine prochaine au Proche-Orient.

L'offensive israélienne a coûté la vie à au moins 660 Palestiniens et fait plus de 2.950 blessés depuis son lancement le 27 décembre, selon les services d'urgence palestiniens.

Le cabinet du Premier ministre Ehud Olmert a annoncé tôt mercredi qu'Israël ouvrira un couloir humanitaire «afin de prévenir une crise humanitaire dans la bande de Gaza», une décision dont a été informée la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice.

Le moment exact de l'ouverture du corridor n'a pas été précisé.

Les agences onusiennes et les organisations humanitaires ont dénoncé une crise humanitaire «totale» dans la bande de Gaza, un territoire pauvre et surpeuplé où la population est prise au piège sans possibilité de fuir alors que l'aide d'urgence est entravée par les combats et les hôpitaux débordés.

L'offensive a provoqué de graves pénuries de denrées, de carburant et d'eau courante ainsi que des coupures d'électricité.

Les combats entre activistes palestiniens et soldats israéliens se sont poursuivis tôt mercredi dans le nord du territoire palestinien tandis que le sud était visé par des raids aériens.

Un combattant palestinien a été tué à Gaza-ville, dans le quartier de Zeitoun et trois autres ont été blessés, selon les urgences palestiniennes.

Mardi, trois écoles gérées par l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés (Unrwa), où des dizaines de civils s'étaient réfugiés, ont été bombardées.

L'attaque la plus meurtrière, à Jabaliya (nord), a coûté la vie à 43 Palestiniens, selon les services d'urgences palestiniens. L'ONU, dans un communiqué, a fait état de 30 morts et 55 blessés.

Cinq autres personnes ont trouvé la mort dans des attaques contre deux écoles de l'ONU à Gaza et Khan Younès (sud), alors qu'au moins 12 membres d'un même clan familial, dont sept enfants, ont péri dans le bombardement de leur maison à Gaza, selon des sources médicales.

S'agissant du bombardement à Jabaliya, Israël a déclaré que ses forces avaient riposté à des tirs d'obus depuis l'école. Et l'armée a affirmé ne pas viser les populations civiles. Mais, a-t-elle ajouté, «le Hamas a disposé des installations militaires et des dépôts d'armes dans des zones civiles».

Ban Ki-moon a qualifié de «totalement inacceptables» les attaques contre les écoles, dont les emplacements «avaient été communiqués aux autorités israéliennes».

«L'attaque contre l'école de l'ONU montre que la guerre n'est pas dirigée contre le Hamas mais contre tout le peuple palestinien», a déclaré le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, dont le mouvement contrôle Gaza.

Le chef des opérations de l'Unrwa à Gaza John Ging a qualifié la situation de «tragédie horrible». «Tout le monde est terrorisé et traumatisé car il n'y a plus de refuge pour fuir les violences».

Malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu, Israël a maintenu son refus de cesser les opérations, soutenu par son allié américain qui réclame un «cessez-le-feu durable», comprenant un arrêt définitif des tirs de roquettes.

«Que les actes de terrorisme cessent, que cesse la contrebande d'armes du Sinaï (égyptien) vers Gaza, et les combats israéliens cesseront», a dit Ehud Olmert.

Mais au 11e jour de l'offensive mardi, 34 roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza sur le sud d'Israël, selon l'armée. L'une d'elle est pour la première fois tombée à plus de 45 km au nord-est du territoire palestinien, sur Gedera, blessant un nourrisson.

Quatre Israéliens sont morts dans ces tirs depuis le 27 décembre.

Dans la bande de Gaza, six militaires israéliens ont été tués depuis l'offensive terrestre samedi, dont quatre par des «tirs amis».

L'armée a affirmé avoir tué 130 combattants du Hamas depuis samedi.

A l'issue d'un sommet avec le président français Nicolas Sarkozy à Charm el-Cheikh (Egypte), M. Moubarak a lancé un appel aux deux parties pour «aboutir à des accords et garanties» sur la bande de Gaza qui devraient inclure «la sécurisation des frontières», «l'ouverture des points de passage frontaliers et la levée du siège» dans la bande de Gaza.

M. Sarkozy, qui s'était rendu plus tôt à Damas et au Liban, a appelé la Syrie à «peser» sur son allié du Hamas pour favoriser un arrêt des combats.

Enfin, le numéro deux d'Al-Qaïda, Ayman Al-Zawahiri, a appelé à attaquer des cibles israéliennes et occidentales en réponse à l'offensive à Gaza.