La guerre d'Israël contre le parti islamiste Hamas dans la bande de Gaza se traduit par une «guerre des médias» où les législatives israéliennes de février 2009 apparaissent à la presse tant israélienne qu'arabe comme un enjeu majeur.

«Le blitzkrieg de Gaza suit une tradition israélienne de rouler des muscles avant les élections», écrit le Daily Star de Beyrouth.  

Le commentaire a coïncidé avec la demande de Benjamin Netanyahu, chef du Likoud, principal rival de la coalition Kadima-travailliste, que cette guerre ait pour objectif de «chasser le Hamas du pouvoir à Gaza».

 

La veille, Ehoud Barak, chef du Parti travailliste et ministre de la Défense, avait parlé d'»en finir avec le Hamas». Des analystes israéliens l'avaient accusé de «fixer des objectifs irréalistes».

 

Mardi, le Jerusalem Post a rappelé qu'Ehoud Olmert, premier ministre sortant, du Kadima, a été plus réaliste en déclarant que la guerre a pour but d'»améliorer la sécurité dans le sud d'Israël», cible des roquettes du Hamas.

 

«Chiffres ingrats»

Mais l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Gabriela Shalev, a parlé de «détruire le Hamas», et le ministre de l'Intérieur, Meïr Sheetrit, a rejeté «tout cessez-le-feu avec le Hamas tant que durera la menace des roquettes», a-t-il noté.

 

Un autre chroniqueur du même journal écrit que la victoire dans «la guerre parallèle qui se livre dans les médias» dépend de «la coordination de la gestion du message d'Israël».

 

Lucy Bannerman, reporter du Times de Londres en poste à l'orée de la bande de Gaza, y voit une faille : «Les chiffres sont ingrats : on parle de 360 Palestiniens et de quatre Israéliens tués», écrit-elle, citant un lobbyiste israélien et évoquant «le désastre des relations publiques qu'a été la guerre de 2006 au Liban».

 

Pour Aluf Benn, de Haaretz, la guerre «entre dans sa phase délicate : faut-il ou non engager des troupes au sol, avec les pertes de vies que cela implique?» demande-t-il.

 

Plaçant lui aussi le débat dans le contexte électoral, il estime que «Barak gagne du terrain sur Tzipi Livni», chef du Kadima et de la diplomatie. Débordé sur sa droite, Netanyahu réclame «la fin du Hamas». Il devra peut-être «mettre fin à son cessez-le-feu avec Barak et l'attaquer ouvertement», estime-t-il.

 

La palme à Al-Jazira

Cela dit, le Los Angeles Times écrit dans un blogue que la meilleure couverture de cette guerre vient de la chaîne satellitaire Al-Jazira. «En arabe et en anglais, Al-Jazira couvre cette histoire mur à mur, avec des reporters des deux côtés de la frontière, et des images que les Américains ne verront jamais», note-t-il.

 

La guerre de Gaza est aussi très présente sur le web, avec des reportages et des images indépendants venant des deux camps et mis en ligne sur des blogues. Le Guardian note moins de mises en ligne de Gaza, ce qu'il attribue au manque d'électricité dans le Territoire palestinien.

 

Dans la presse arabe en général, les condamnations d'Israël et de ses parrains occidentaux se doublent de vives critiques des régimes arabes. Et la colère arabe se focalise de plus en plus sur le régime égyptien de Hosni Moubarak.

 

Avec Daily Star, JPost, Haaretz, LATimes, Times, VoA, Guardian, AFP, AP et Reuters