Les armes se sont tues à Gaza, mais la douleur reste vive à Montréal. Réunis à l'initiative d'un groupe pro-palestinien, deux ressortissants palestiniens de la métropole ont dénoncé les frappes israéliennes, hier, et demandé au gouvernement canadien d'intervenir pour que cessent les «agressions» de l'État hébreu.

Le groupe Tadamon, un organisme pro-palestinien, a organisé hier une rencontre avec deux Montréalais qui ont, bien malgré eux, été frappés de plein fouet par l'action israélienne des dernières semaines.

 

Pour Ghada Abbas, qui habite le Sud-Ouest de Montréal, le cessez-le-feu décrété la fin de semaine dernière par Israël et le Hamas survient trop tard. La femme de 30 ans a perdu son frère et son père dans des bombardements survenus à trois jours d'intervalle dans la ville de Hamamé.

«Mon père était à l'extérieur de la maison avec un voisin, a relaté, les larmes aux yeux, cette mère qui attend son sixième enfant. Un avion a survolé le quartier, il a largué un missile et les deux ont été tués.»

La jeune femme aimerait rendre visite à ses cinq frères survivants, à ses trois soeurs et à sa mère. Mais elle doute que la paix qui règne depuis une semaine soit durable et craint qu'Israël reprenne ses raids.

«Comment peut-on être optimiste et ne pas être sceptique après tout ce qu'ils ont fait? demande-t-elle. Ils ont tué des femmes et des enfants, de jeunes hommes qui ne sont pas des militants, qui sont pacifistes. Ils ont détruit des maisons sur la tête des familles.»

Hadi Eid, lui, n'a pas mis les pieds en Palestine depuis 2002. Originaire de Rafah, dans le Sud, il a vécu des moments d'angoisse, tandis que sa famille subissait les bombardements. Plusieurs ont manqué d'électricité pendant des jours, d'autres ont carrément fui leurs demeures, craignant de nouvelles frappes aériennes.

S'il se compte chanceux de n'avoir perdu aucun proche, il souhaite toutefois que le gouvernement canadien fasse davantage pour faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient.

«Le Canada, malheureusement, a un parti pris en faveur d'Israël et c'est désolant», a-t-il déploré.

Il ne s'est pas dissocié du Hamas, qui forme le gouvernement de la bande de Gaza. Cette organisation a été désignée comme «terroriste» par de nombreux pays occidentaux, dont le Canada.

«C'est un parti politique qui est arrivé à la tête de Gaza par des élections législatives démocratiques, a-t-il affirmé. Des observateurs internationaux ont supervisé les élections. Alors c'est le peuple qui a choisi le Hamas. Il faut respecter le choix du peuple.»