Malgré les efforts diplomatiques pour mettre fin à la violence, Israël a menacé hier d'intensifier son action militaire dans la bande de Gaza, voire de réoccuper le territoire palestinien. Cette mise en garde a été appuyée par une série de raids aériens qui ont fait une trentaine de victimes dans la journée.

Tandis que des chars d'assaut et des avions pilonnaient Gaza, des colonnes de fumée noire s'élevaient dans le ciel, surtout dans l'est de la ville. Un obus a explosé près d'une maison à Jabaliya et tué huit membres de la même famille, qui étaient assis à l'extérieur. Au moins 28 Palestiniens ont été tués dans les opérations d'hier, selon les sources médicales.

 

Des partisans du Hamas ont riposté en tirant une quinzaine de roquettes sur Israël, qui ont fait quatre blessés.

Tout indique que la flambée de violence se poursuivra. Des avions israéliens ont largué des dizaines de milliers de tracts sur la ville de Gaza. L'avertissement ne laisse aucun doute quant aux intentions de l'État hébreu: il va accentuer ses opérations «contre les tunnels, les dépôts d'armes et les terroristes dans toute la bande de Gaza».

Tsahal, qui tente depuis le début de sa campagne de dépeindre les dirigeants du Hamas comme les seuls responsables de la crise, avise la population de rester loin des militants islamistes.

«Les Forces de défense israéliennes ne travaillent pas contre la population de Gaza, mais contre le Hamas et les terroristes seulement, peut-on lire en arabe sur les documents. Restez en sécurité en obéissant à nos ordres.»

Au moment de mettre sous presse, des chars et des troupes étaient déjà en mouvement le long de la frontière qui sépare Israël de Gaza. L'artillerie pilonnait la zone, ce qui laissait présager une attaque massive au sol.

Selon des témoins, les forces israéliennes ont visé les mines de phosphore à Khouza, un village situé près de la frontière. Au moins une femme est morte et plusieurs ont été blessées dans le raid, a affirmé un représentant de l'hôpital local. Mais l'armée israélienne nie avoir mené des actions dans ce secteur.

L'est et le nord du territoire étaient le théâtre de combats violents, selon le Hamas.

Réoccupation

Des membres de l'État major israélien ont toutefois confié à l'Associated Press qu'ils étaient prêts pour la troisième phase de l'opération, après une semaine de bombardements aériens et l'incursion terrestre lancée le 3 janvier. Le plan prévoit une avancée profonde en territoire palestinien.

Mais ce n'est pas tout. Dans la quatrième phase des opérations militaires, l'armée envisage carrément de réoccuper la bande de Gaza et de renverser le gouvernement dirigé par le Hamas.

Le Hamas n'est toutefois pas resté silencieux. Dans un discours enflammé diffusé par la chaîne Al-Jazira, le leader en exil du mouvement, Khaled Mashaal, a décrit l'assaut israélien comme un «holocauste». Il a appelé les Palestiniens à prendre la rue pour affronter l'envahisseur.

«Nous vivons maintenant les moments les plus difficiles de la résistance, a-t-il déclaré. Nous voulons une autre intifada en Palestine et dans la rue arabe.»

850 victimes palestiniennes

Le dernier bilan du chef des services d'urgence fait état de quelque 850 victimes, dont 270 enfants et 98 femmes, et des dizaines d'autres civils. Près de 3500 personnes ont aussi été blessées. Treize Israéliens sont morts depuis le début des combats.

Israël a de son côté affirmé avoir tué 550 combattants palestiniens depuis les opérations militaires, le 27 décembre, dont 300 depuis le lancement de l'offensive au sol, il y a une semaine.

Pendant ce temps, la situation continue de se dégrader pour la population. «Alors que les opérations militaires entrent dans leur troisième semaine, la situation des civils devient de plus en plus précaire», a averti le Comité international de la Croix-Rouge.

Un million de personnes vivent sans électricité, tandis que 750 000 sont sans eau courante. Les hôpitaux fonctionnent grâce à des génératrices de secours qui risquent de flancher en cas de manque d'essence, préviennent les Nations unies.

L'Agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens a annoncé hier une reprise imminente de la distribution d'aide humanitaire, partiellement suspendue jeudi. Un convoi transportant des vivres avait été touché par des obus israéliens. L'organisme dit avoir reçu d'Israël «des assurances crédibles» que la sécurité de son personnel serait «pleinement respectée».

Efforts diplomatiques vains

Israël poursuit son action malgré une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat. Le premier ministre Ehoud Olmert a jugé la résolution «inapplicable» en raison de la poursuite des tirs de roquettes sur le sud du pays.

Pendant ce temps, les efforts diplomatiques se poursuivent. Une délégation du Hamas s'est rendue au Caire pour discuter du plan de paix proposé par le président égyptien, Hosni Moubarak, qui suggère un cessez-le-feu immédiat pour une période limitée afin de permettre l'ouverture de couloirs humanitaires.

Mais le Hamas refuse de négocier une trêve tant qu'Israël poursuivra ses bombardements.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, aussi en visite au Caire, a pour sa part appuyé l'initiative égyptienne et souligné que quiconque la rejetait serait «responsable de l'effusion de sang».

Avec AP, AFP, The New York Times et Haaretz