Pour la quatrième fois en trois semaines, les rues du centre-ville de Montréal ont de nouveau vibré sous les pas et les cris d'opposants à l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, qui joignaient leurs voix à celles de milliers d'autres manifestants au Canada et dans plusieurs villes d'Europe.

À 13h, le cortège de quelques milliers de marcheurs s'est ébranlé au son du slogan «Israël: assassin! Harper: complice!» sous le regard souvent étonné des commerçants de la rue Sainte-Catherine.

Deux heures plus tard, les représentants des grandes centrales syndicales ont soulevé les manifestants frigorifiés avec leurs discours, dans lesquels ils ont reproché à Stephen Harper de limiter l'action du Canada à de l'aide humanitaire.

Selon la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, Stephen Harper devrait profiter de l'arrivée de Barack Obama pour convaincre les États-Unis de modifier leur approche et de jouer un rôle plus constructif et moins partisan dans le conflit israélo-palestinien. « Nous sommes tous palestiniens. (...) Ramener la paix pour la Palestine, c'est ramener la paix pour toutes les nations du monde », a ensuite lancé Réjean Parent, de la CSQ.

«Ce serait un choc si le Canada reprenait enfin son rôle de pacificateur et se détachait de la politique américaine. Nous pourrions enfin redevenir fiers de notre pays», avait opiné plus tôt James Porter, la barbe givrée par le froid. Plusieurs parents avaient amené leurs enfants. «Je veux leur apprendre qu'il faut se tenir debout devant l'injustice», a dit Saïd Ali.

Le président du Comité Québec-Israël, Luciano G. Del Negro, a dénoncé hier «la faillite morale des dirigeants syndicaux» qui ont pris part au rassemblement. «Les manifestants scandaient des slogans excessivement hostiles. Montréal est encore devenu le théâtre d'un discours sans civisme», a-t-il affirmé à La Presse.

Les policiers n'ont toutefois recensé aucun débordement, alors que plusieurs incidents ont été déplorés en Europe. Les manifestations organisées à Paris se sont soldées par l'arrestation de 180 personnes, et une douzaine de policiers ont été blessés. Dans le centre de Londres, deux policiers ont aussi été blessés lorsque des manifestants ont tenté de renverser des barrières devant l'ambassade d'Israël, tandis qu'en Norvège la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter de disperser au moins 1000 manifestants, dont certains avaient lancé des bouteilles et des pierres sur les forces de l'ordre.

- Avec l'AFP