blank_pageTant Israël que le Hamas ont poursuivi les combats à Gaza, hier, malgré la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un cessez-le-feu «immédiat et durable». Israël a même procédé aux bombardements les plus durs de l'offensive, dans une course contre la montre pour détruire le plus possible l'arsenal du Hamas avant que la pression internationale ne soit trop grande.

blank_pageDurant la nuit, de nombreux raids aériens ont visé des maisons à Jabaliya, dans le nord du territoire palestinien, et dans le quartier de Zeïtoun, à la périphérie de la ville de Gaza. Un Palestinien a été tué dans un raid aérien contre une maison du camp de réfugiés de Chati, limitrophe la ville. «Israël n'a jamais accepté qu'une influence extérieure décide de son droit de défendre ses citoyens», a déclaré le ministère israélien des Affaires étrangères à l'issue d'une réunion du conseil de guerre.

«Le Hamas n'est pas prêt à capituler ou à hisser le drapeau blanc», a renchéri le Hamas à la télévision Al-Arabiya. «Le mouvement n'a pas été consulté sur la résolution», a précisé à l'AFP Moussa Abou Marzouk, numéro 2 du bureau politique du Hamas, en exil à Damas. «Le Hamas n'a donc aucun commentaire sur la résolution parce qu'on ne lui a pas demandé de l'accepter ou de la rejeter.»

Le Hamas est furieux que la résolution mentionne la contrebande d'armes dans le même souffle que la fin du blocus commercial, et que le retrait des troupes israéliennes soit conditionnel à la fin des tirs de roquettes. Le mouvement islamique refuse de mettre fin à ses tirs tant qu'Israël n'aura pas retiré ses troupes et mis fin à son blocus commercial. Israël, de son côté, estime que la contrebande d'armes en provenance de l'Égypte signifie qu'aucun cessez-le-feu ne peut être durable tant qu'un mécanisme de surveillance de la frontière n'aura pas été arrêté.

Pas de veto américain

Israël s'est dit «déçu» que les États-Unis n'opposent pas leur veto à la résolution. Comme pour amoindrir la déception, les deux chambres du Congrès américain ont adopté jeudi et hier à l'unanimité des résolutions reconnaissant le droit d'Israël de se défendre face aux attaques du Hamas et appelant à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré déçu qu'Israël poursuive son offensive.

La fin des hostilités passe par l'Égypte, selon Sami Aoun, politologue à l'Université de Sherbrooke. «Le Hamas y est déjà, et Israël envoie une délégation en fin de semaine, dit M. Aoun. Tout tournera autour de la frontière entre l'Égypte et Gaza, sur la surveillance.» L'Union européenne a critiqué hier l'Égypte pour son refus d'accueillir des observateurs internationaux à la frontière.

L'offensive israélienne a coûté la vie à au moins 800 Palestiniens, dont 230 enfants et 92 femmes, depuis son lancement le 27 décembre, selon un dernier bilan de sources médicales à Gaza. Les activistes palestiniens n'ont pas cessé de tirer des roquettes. Ils en ont lancé encore une trentaine sur le sud d'Israël, faisant un blessé léger. Trois civils et 10 soldats israéliens ont été tués en tout. Selon des témoins, l'armée a arrêté au moins 300 Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza.

Convoi humanitaire touché

L'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), déplorant une situation humanitaire «critique», a suspendu pour le deuxième jour consécutif l'essentiel de ses activités à Gaza après qu'un de ses convois eut été touché par des obus israéliens et un chauffeur palestinien tué. En soirée, elle a indiqué qu'elle reprendrait ses convois aujourd'hui, après avoir reçu des assurances de l'armée israélienne.

Un million de personnes vivent sans électricité, 750 000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours qui risquent de s'arrêter en cas de manque d'essence, selon l'ONU.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a ouvert hier à Genève une délicate session extraordinaire consacrée à la situation dans la bande de Gaza, alors que la résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu immédiat était rejetée par Israël et le Hamas.

La quarantaine de participants ont planché sur une résolution appelant à la cessation des hostilités et condamnant les violations des droits de l'homme commises depuis le début, le 27 décembre, de l'offensive israélienne.

En ouverture des débats, le haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, Navanathem Pillay, a dénoncé de «très graves violations des droits de l'homme» et réclamé «une enquête indépendante et transparente» en Israël comme dans les territoires palestiniens. Elle a prévenu que les violations de certains droits fondamentaux pouvaient constituer «des crimes de guerre».

Le projet de texte demande, outre la fin de l'intervention armée israélienne, la fin des tirs de roquettes des militants du Hamas contre des civils israéliens, ce que l'avant-projet, proposé par Cuba, ne mentionnait pas. Ce changement répond à la volonté des Européens et de certains pays latino-américains.

En revanche, la question d'une enquête sur les violations des droits de l'homme, réclamée également par la Suisse, faisait toujours l'objet d'intenses négociations de coulisses entre les différentes délégations. Selon le projet de résolution, que l'AFP a obtenu, le Conseil charge le Haut Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU de n'évaluer que les violations commises «sur les Palestiniens par la puissance occupante israélienne».

Avec AP, AFP, BBC, New York Times

LA JOURNÉE EN BREF

Appel au boycottage

Un syndicat de commerçants a provoqué l'indignation en Italie en proposant de boycotter les commerces tenus par des Juifs à Rome en signe de protestation contre Israël et contre les bombardements de la bande de Gaza, rapporte le journal La Repubblica d'hier. Le président de la communauté juive de Rome, Riccardo Pacifici, a annoncé que la communauté allait porter plainte contre ce syndicat pour «incitation à la haine raciale». Le président du Sénat, Renato Schifani, lui a fait part de sa «solidarité», qualifiant la proposition du syndicat d'«inacceptable». - AFP

Diffusion retardée

Les autorités de régulation françaises ont obtenu que la chaîne de télévision du mouvement islamiste Hamas, Al-Aqsa TV qui émet à partir de Gaza, ne soit pas diffusée en Europe comme cela devait être le cas à compter de cette semaine, a-t-on appris hier de plusieurs sources. Al-Aqsa a en fait émis moins de 24 heures, précise-t-on de source proche du dossier, le signal ayant été rapidement interrompu à la suite d'une mise en garde du Conseil supérieur de l'audiovisuel français. - AFP

La résolution du conseil de sécurité

Voici les principaux points de la résolution adoptée jeudi soir à l'ONU sur un cessez-le feu à Gaza.

> Le Conseil «souligne l'urgence de et appelle à un cessez-le-feu immédiat, durable et pleinement respecté, menant au retrait complet des forces israéliennes de Gaza.»

> Il «appelle à la fourniture sans obstructions et à la distribution sur tout le territoire de Gaza de l'aide humanitaire, comprenant nourriture, carburant et soins médicaux.»

> «Salue les initiatives visant à créer et ouvrir des corridors humanitaires et d'autres mécanismes pour la fourniture durable de l'aide humanitaire.»

> «Appelle les États membres à soutenir les efforts internationaux pour améliorer la situation humanitaire et économique à Gaza.»

> «Condamne toute violence et hostilité dirigées contre des civils et tout acte de terrorisme.»

> «Appelle les États membres à intensifier les efforts pour fournir des arrangements et des garanties à Gaza afin de maintenir un cessez-le-feu et un calme durables, y compris pour empêcher la contrebande illicite d'armes et de munitions et pour assurer la réouverture des points de passage (vers Gaza).»

> «Salue l'initiative égyptienne (la proposition en trois points présentée mardi par le président égyptien Hosni Moubarak, NDLR) et les autres efforts régionaux et internationaux en cours.»

> «Encourage des mesures tangibles vers une réconciliation interpalestinienne.»

> «Appelle à des efforts renouvelés et urgents des parties et de la communauté internationale pour parvenir à une paix globale basée sur la vision d'une région où deux Etats démocratiques, Israël et la Palestine, vivent côte-à-côte en paix, à l'intérieur de frontières sûres et reconnues.»

Agence France-Presse