Sami Aoun est professeur de politique internationale à l'Université de Sherbrooke et spécialiste du Moyen-Orient. La Presse l'a interrogé afin de comprendre l'impact de la résolution 1860 sur le conflit qui déchire la région depuis près de deux semaines.

Q: Que contient la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU?

R: Elle demande le retrait d'Israël de Gaza ainsi que l'arrêt des hostilités contre les civils, sans toutefois citer explicitement les tirs de roquettes du Hamas. La résolution prévoit aussi que l'aide humanitaire puisse circuler librement, et que soient ouverts les points de passage vers Gaza.

 

Q: Quel sera son impact?

R: Les hostilités devraient cesser rapidement, ce qui permettra à Israël de mener ses dernières opérations militaires contre le Hamas, ses stocks d'armes et les tunnels de contrebande.

Q: Pourquoi les États-Unis se sont-ils abstenus de voter?

R: Je crois que les Américains voulaient une position plus claire contre le Hamas. Les tirs de roquettes n'ont pas été explicitement dénoncés dans la résolution car les pays arabes auraient refusé d'appuyer une telle entente. Cela dit, même s'ils se sont abstenus, les États-Unis ont tout de même déclaré vouloir une application directe et sans détour du cessez-le-feu.

Q: Qui sont les artisans de l'entente?

R: Les pays arabes, qui redoutent la réaction de leur population et l'influence que l'Iran acquiert sur la région par le biais du Hamas. Ils ont d'ailleurs manoeuvré pour que la résolution fasse référence à l'Autorité palestinienne plutôt qu'au Hamas et pour que la résolution mentionne la réconciliation entre les Palestiniens.

Q: Israël sera-t-il satisfait?

R: C'est une solution gagnante pour tout le monde. Le Hamas peut prétendre qu'il n'est pas à genoux devant le diktat d'Israël puisque la résolution ne l'a pas incriminé. De son côté, Israël semble avoir eu assez de garanties de l'Égypte que les attaques du Hamas et la contrebande d'armes cesseront. Les deux pays ont un intérêt commun sur ce point, ils vont clore le dossier, un peu comme dans le sud du Liban d'où il n'y a plus d'attaques contre Israël.

Propos recueillis par Daphné Cameron et Mathieu Perreault