Des milliers de Palestiniens sont descendus dans la rue vendredi pour une «journée de la colère» contre Israël, au septième jour d'une guerre contre le Hamas à Gaza qui a fait plus de 420 morts, dont un chef du mouvement islamiste.

Alors que les bombardements se poursuivaient, trois frères âgés de sept à dix ans ont été tués dans un raid aérien près de leur maison dans le sud de la bande de Gaza, selon des sources médicales et des témoins. Un pas de lancement de roquettes des environs utilisé par des activistes du Hamas semblait visé. En Cijordanie, des milliers de gens ont manifesté à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, encadrés par un important dispositif de sécurité, peu après la grande prière du vendredi, tandis que des heurts sporadiques ont éclaté à Jérusalem-est.

Des manifestations de solidarité ont aussi eu lieu dans plusieurs pays musulmans.

Brandissant des drapeaux palestiniens et du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, et quelques bannières du Hamas rival, les manifestants de Ramallah ont scandé «nous sommes prêts à sacrifier notre âme et notre sang pour Gaza».

Des slogans de soutien au Hamas ont aussi appelé le Premier ministre du mouvement qui contrôle Gaza, Ismaïl Haniyeh, «à frapper Tel-Aviv».

A Jérusalem-est, site de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, des heurts entre lanceurs de pierres palestiniens et police israélienne ont éclaté après les prières, a constaté un photographe de l'AFP.

Sur l'esplanade, près de 3 000 fidèles ont prié dans le calme. La police israélienne avait déployé d'importants renforts et limité l'accès aux hommes de 50 ans et plus originaires de Jérusalem-est ou des villes arabes d'Israël, ceux de Cisjordanie étant empêchés d'entrer dans la Ville sainte.

Les forces de l'ordre israéliennes étaient en état d'alerte avancé, le bouclage de la Cisjordanie avait été renforcé et de nombreux policiers et gardes-frontières quadrillaient la Vieille ville de Jérusalem.

Dans le monde, des manifestations ont été signalées en Afghanistan, à Jakarta, Istanbul, et dans plusieurs villes d'Iran, notamment à Téhéran. Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a demandé l'arrêt immédiat des raids israéliens.

La «journée de la colère» avait été décidée par le Hamas après la mort jeudi dans la bande de Gaza d'un de ses leaders, Nizar Rayan, 51 ans, dans un raid aérien qui a aussi coûté la vie à ses quatre épouses et à onze de ses enfants.

Un porte-parole du Hamas, Ismaïl Radwane, a affirmé que «toutes les options sont ouvertes pour contrer cette agression, y compris les opérations de martyres (les attentats suicide : ndlr) contre les objectifs sionistes partout».

Des milliers de Palestiniens ont participé vendredi aux funérailles dans le camp de Jabaliya.

Des appareils israéliens ont laché sur Gaza des milliers de tracts exhortant la population à communiquer à l'armée les emplacements des combattants du Hamas, ont rapporté vendredi des témoins.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni et le ministre de la Défense Ehud Barak ont tenu des consultations nocturnes en vue de la suite à donner à l'offensive à Gaza, a indiqué à l'AFP un haut responsable israélien.

Dans la matinée, l'aviation et les navires de guerre israéliens ont poursuivi les raids dans la bande de Gaza, selon des témoins. L'une des attaques aériennes a visé une maison à Jabaliya faisant deux morts et plusieurs blessés, ont indiqué des sources médicales.

Le raid qui a couté la vie aux trois petits palestiniens, Iyad, Mohamad et Abdelsattar Al-Astal, s'est déroulé dans la localité d'al-Qarara, près de Khan Younès.

Selon un bilan de médecins palestiniens, au moins 428 Palestiniens ont été tués et quelque 2 500 blessés depuis le 27 décembre, début de l'opération «Plomb durci» visant à contraindre le Hamas à stopper les tirs de roquettes sur Israël.

Au moins un quart des victimes sont des civils, dont des femmes et des enfants, selon l'ONU.

Plus de deux cents ressortissants étrangers, des binationaux, ont été autorisés vendredi à quitter la bande de Gaza pour Israel, selon les autorités israéliennes.

Ces départs surviennent alors que l'armée israélienne a achevé ses préparatifs en vue d'une possible offensive terrestre à Gaza.

Israël doit en outre autoriser huit journalistes étrangers à se rendre dans la bande de Gaza alors que l'accès en est interdit à la presse internationale depuis le début de l'offensive militaire israélienne contre le Hamas.

L'opération a Gaza bénéficie d'un très large consensus au sein de la population juive, 95% des personnes la soutenant, dont 80% sans réserve, selon un sondage publié vendredi dans le quotidien Maariv.

En dépit des attaques israéliennes, les tirs de roquettes de Gaza sur le territoire israélien n'ont pas cessé, atteignant pour la première fois la ville de Beershéva à 40 km de la bande de Gaza.

Plus de 360 de ces engins au total, selon Israël, ont fait depuis le 27 décembre quatre morts, dont un soldat, et une douzaine de blessés.