L'Iran, les Européens, la Chine et la Russie se sont réunis vendredi à Vienne pour tenter de sauver l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran, qui souhaite que des garanties lui soient proposées d'ici fin mai.

Pour la première fois depuis l'entrée en vigueur de l'accord, la réunion de la commission conjointe chargée de superviser l'application du texte s'est tenue sans les États-Unis, qui s'en sont retirés le 8 mai.

Les autres signataires, réunis à la demande de l'Iran, se sont lancés dans un marathon diplomatique pour tenter de maintenir à flot l'accord destiné à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien.

S'exprimant après la réunion de vendredi, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a déclaré : « Nous négocions [...] pour voir si on peut nous présenter un ensemble de mesures qui puissent donner à l'Iran les bénéfices de la levée des sanctions ».

Des « solutions pratiques » sont nécessaires pour répondre aux inquiétudes de Téhéran sur ses exportations de pétrole, ses flux bancaires et les investissements étrangers dans le pays, a-t-il ajouté.

« La prochaine étape est de trouver des garanties pour cet ensemble de mesures », a-t-il estimé. Selon des responsables iraniens, Téhéran s'attend à ce que ces mesures lui soient présentées d'ici fin mai.

Abbas Araghchi a précisé que les discussions se poursuivraient dans les prochaines semaines « en particulier au niveau des experts », après quoi l'Iran déciderait de rester ou non dans l'accord.

« Nous avons l'impression que les Européens, la Russie et la Chine [...] sont sérieux et qu'ils reconnaissent que la survie de l'accord dépend du respect des intérêts de l'Iran », a-t-il ajouté.

« Tout n'est pas perdu »

Le président russe Vladimir Poutine s'est voulu plutôt optimiste : « il me semble que tout n'est pas perdu » pour sauver l'accord, a-t-il affirmé lors d'un forum économique à Saint-Pétersbourg.

« Le président américain ne ferme pas la porte des négociations, il dit qu'il y a beaucoup de choses qui ne l'arrangent pas dans ce document, mais il n'exclut pas de trouver un accord avec l'Iran », a-t-il précisé.

De manière inhabituelle pour ce type de réunion, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano a été invité à informer les participants sur le travail de l'AIEA en Iran.

Dans un rapport auquel l'AFP a eu accès jeudi, l'AIEA a une nouvelle fois attesté que l'Iran continuait à remplir ses engagements.

L'agence onusienne « encourage » toutefois Téhéran « à aller au-delà des exigences » posées par l'accord du 14 juillet 2015, afin d'améliorer la confiance, selon ce texte qui doit être examiné prochainement par le Conseil des gouverneurs de l'agence basée à Vienne.

En l'absence de mesures concrètes de la part des Européens pour sauver l'accord, Téhéran a menacé de relancer son programme d'enrichissement d'uranium à un « niveau industriel ».

L'UE, la Chine et la Russie souhaitent que l'Iran reste dans l'accord, les Européens estimant que cela n'exclut pas de poursuivre les négociations avec la République islamique sur un texte élargi.

Le président Trump reproche à l'accord d'être trop laxiste sur le volet nucléaire, et de ne pas englober les missiles balistiques de Téhéran, ni ses interventions directes ou indirectes dans plusieurs conflits régionaux, comme au Yémen et en Syrie.

Depuis l'entrée en vigueur du texte âprement négocié par les grandes puissances, l'AIEA, qui est chargée d'en vérifier l'application, a toujours attesté que l'Iran remplissait ses engagements.