L'Iran a mené avant 2003 une série de travaux pour se doter de l'arme atomique, mais aucune indication «crédible» ne suggère la poursuite de telles activités depuis 2009, estime l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) au terme d'une enquête de plusieurs années sur le sujet.

«L'Agence estime qu'une série d'activités liées au développement d'un engin explosif nucléaire ont été menées avant fin 2003 dans le cadre d'efforts coordonnés», souligne-t-elle dans un rapport dévoilé mercredi à Vienne.

«Ces activités n'ont pas dépassé le stade d'études de faisabilité et scientifiques, et l'acquisition de certaines compétences et capacités techniques», notent les experts de l'AIEA.

Si «certaines» activités suspectes se sont poursuivies après 2003, «l'Agence n'a pas d'information crédible» sur leur poursuite après 2009, est-il encore souligné.

Ce rapport doit être examiné le 15 décembre par les gouverneurs de l'agence, selon une feuille de route adoptée en juillet à Vienne dans le cadre des négociations entre Téhéran et les grandes puissances pour mettre un terme à plus de treize ans de différends concernant le dossier nucléaire iranien.

Préjugeant de la décision de l'exécutif de l'agence onusienne, le vice-ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghchi, a estimé mercredi soir que l'Iran considérait désormais l'enquête comme «close», ouvrant la voie à une mise en application de l'accord nucléaire conclu le 14 juillet par Téhéran avec les grandes puissances.

«Comme nous l'avons affirmé plusieurs fois, les armes nucléaires n'ont et n'auront aucune place dans la doctrine de défense de l'Iran», a-t-il assuré à la télévision d'État iranienne.

Le rapport de l'AIEA n'en corrobore pas moins, au moins partiellement, les soupçons que nourrissait depuis plusieurs années l'AIEA sur des tentatives passées de Téhéran de militariser son programme nucléaire - la «possible dimension militaire» (PMD) -, ce que l'Iran a toujours démenti.

Selon l'analyste Kelsey Davenport, de l'institut Arms Control Association, les conclusions de l'enquête inciteront les «opposants» au compromis du 14 juillet, «tant en Iran qu'aux États-Unis, à essayer de s'appuyer sur ce rapport pour tenter de faire échouer cet accord nucléaire historique».

Fin novembre, un haut responsable iranien, Ali Shamkhani, avait rappelé que la République islamique n'appliquerait pas l'accord nucléaire de Vienne si l'AIEA ne refermait pas formellement le dossier de la PMD le 15 décembre.

D'ici là, l'Iran ne modifiera pas le réacteur à eau lourde d'Arak et n'enverra pas à l'étranger la majeure partie de son stock d'uranium enrichi, deux de ses engagements pris en juillet, a prévenu Téhéran.

Les États-Unis, désireux de voir cet accord entrer en vigueur, ont toutefois fait savoir dès octobre que les conclusions de l'AIEA sur la PMD n'entraveraient pas la levée des sanctions promise à Téhéran en échange d'une limitation de ses capacités nucléaires.

L'AIEA doit remettre dans les prochaines semaines ou dans les prochains mois un autre rapport, concernant le respect par Téhéran de ses engagements préliminaires à l'application de l'accord nucléaire, conclu le 14 juillet par l'Iran et les grandes puissances du groupe 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne).

L'Iran, une puissance pétrolière et gazière dont l'économie est bridée par les sanctions internationales, a indiqué récemment espérer une entrée en vigueur de l'accord début janvier.