Les opposants républicains de Barack Obama n'ont pas réussi jeudi au Sénat à barrer la route à l'accord sur le nucléaire iranien, confirmant la victoire du président américain et ôtant toute incertitude sur la viabilité du pacte.

La minorité démocrate de la chambre haute du Congrès a bloqué jeudi une résolution républicaine qui aurait empêché Barack Obama de suspendre les sanctions américaines contre l'Iran, les républicains n'ayant pas obtenu la majorité de 60 voix sur 100 requise, à deux voix près.

«Ce vote est une victoire pour la diplomatie, pour la sécurité nationale des États-Unis et pour la sécurité du monde», s'est félicité Barack Obama dans un communiqué.

Pour beaucoup d'élus, le vote fut aussi grave que celui autorisant George W. Bush à recourir à la force contre l'Irak de Saddam Hussein en 2002. Rarement un vote n'avait fait l'objet d'autant de pressions de la part des lobbys, notamment des organisations juives américaines.

Les dirigeants britannique, allemand et français avaient auparavant signé une tribune commune dans le Washington Post pour exhorter les élus à soutenir leur approche diplomatique.

«Nous sommes certains que l'accord pose les bases nécessaires pour résoudre de façon permanente le conflit sur le programme nucléaire iranien», y écrivaient David Cameron, Angela Merkel et François Hollande.

Perdants au plan législatif, certains républicains évoquaient la possibilité d'un nouveau front judiciaire, des conservateurs estimant que le président américain n'avait pas rempli ses obligations avec le Congrès et que toute levée de sanctions contre l'Iran était illégale.

Tous les démocrates sauf quatre ont voté pour soutenir Barack Obama, qui sera bientôt libre d'appliquer sa partie du texte signé le 14 juillet à Vienne par les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie), l'Allemagne et l'Iran. Les États-Unis et les Européens se sont engagés à suspendre de nombreuses sanctions économiques en échange des concessions iraniennes sur leur programme nucléaire.

Le Congrès avait jusqu'au 17 septembre pour donner son avis sur l'accord. Mais on savait depuis la semaine dernière que les républicains n'attireraient pas suffisamment de démocrates pour atteindre la majorité de deux tiers requise pour surmonter un veto présidentiel.

Cela ne devrait pas les empêcher de retenter, pour la forme, un nouveau vote la semaine prochaine, a annoncé Mitch McConnell, chef de la majorité sénatoriale.

«Nous allons désormais nous atteler au travail essentiel d'appliquer et de vérifier cet accord, pour empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire», a toutefois déclaré Barack Obama.

Résistance républicaine 

Les débats ont déchiré le Congrès, et Barack Obama n'a pas réussi à convaincre le moindre républicain au Sénat de soutenir son initiative diplomatique.

S'il n'aura pas, in fine, à sortir l'arme du veto, l'histoire retiendra que 58 sénateurs sur 100 se sont prononcés contre la décision de politique étrangère la plus conséquente de sa présidence.

«En somme, cet accord imparfait et impopulaire avec un régime indigne de confiance et soutenant le terrorisme n'aura ni l'imprimatur du peuple américain ni celle du Sénat», a déclaré le plus grand groupe de pression juif américain, Aipac.

L'accord «donnerait à l'Iran une capacité d'enrichissement alors que les dirigeants iraniens appellent à nouveau à la destruction d'Israël, et prient pour la nôtre», a dit Mitch McConnell.

Les républicains n'ont pas dit leur dernier mot.

«Nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour stopper, freiner et empêcher cet accord d'entrer complètement en vigueur», a déclaré le président républicain de la Chambre, John Boehner, sans plus de détails.

Des mesures sont attendues pour augmenter l'aide à Israël.

À la Chambre des représentants, les républicains majoritaires ont adopté jeudi un texte déclarant que Barack Obama ne s'était pas conformé aux règles établies par le Congrès en ne transmettant pas aux parlementaires le protocole d'inspection négocié confidentiellement entre l'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Le sénateur Ted Cruz, qui parle pour de nombreux élus ultraconservateurs du Tea Party, affirme ainsi que la levée prochaine de sanctions est illégale. Il a prévenu les banques qu'elles s'exposeraient à des poursuites, «après le départ de Barack Obama», si elles dégelaient des fonds iraniens.

Les représentants voteront aussi vendredi sur deux mesures, l'une interdisant la levée de toute sanction contre l'Iran, et l'autre visant à approuver l'accord nucléaire, un vote destiné à montrer le faible soutien parlementaire dont bénéficie Barack Obama.