Le guide suprême Ali Khamenei a réaffirmé mardi les «lignes rouges» de l'Iran dans les négociations nucléaires, exigeant la levée «immédiate» des sanctions économiques de l'ONU et des États-Unis en cas d'accord, et réitérant son refus de toute inspection des «sites militaires».

Cette déclaration publiée sur le site officiel du numéro un iranien survient alors que le marathon diplomatique devant garantir que l'Iran ne s'équipera pas de l'arme nucléaire entre dans sa dernière ligne droite, à une semaine de la date-limite du 30 juin pour conclure un accord sur ce dossier avec les grandes puissances du groupe 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne).

L'ayatollah Khamenei, qui a le dernier mot dans le dossier nucléaire, a fait cette déclaration devant l'ensemble des dirigeants du pays, y compris le président Hassan Rohani.

«Toutes les sanctions économiques, financières et bancaires, qu'elles soient celles du Conseil de sécurité ou du Congrès et gouvernement américains doivent être annulées immédiatement au moment de la signature de l'accord et les autres sanctions doivent être levées dans des laps de temps raisonnables», a-t-il dit.

Il a aussi exprimé sa méfiance à l'égard de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). «L'annulation des sanctions ne doit pas être liée à l'application par l'Iran de ses engagements. Ne dites pas : appliquez vos engagements puis (attendez) que l'AIEA le certifie pour que les sanctions soient levées. Nous n'acceptons en aucune manière une telle chose».

Le numéro un iranien a également réitéré son opposition aux «inspections non conventionnelles, à l'interrogatoire des personnalités iraniennes et à l'inspection des sites militaires».

La France et le Royaume-Uni ont affirmé lundi que tout accord devait comprendre un accès «si c'est nécessaire» à des sites militaires.

«Contrairement aux insistances des Américains, nous n'acceptons pas des limitations de longue durée de 10, 12 ans et nous leur avons dit combien d'années de limitation nous sommes prêts à accepter», a déclaré encore l'ayatollah Khamenei.

L'accord cadre conclu en avril dernier entre l'Iran et les puissances du groupe 5+1 prévoit une limitation du programme d'enrichissement d'uranium de l'Iran pendant une période de dix ans.

M. Khamenei a également insisté sur la poursuite de la recherche et du développement pendant une telle période.

Cette déclaration a été faite alors que le matin, le parlement a adopté une loi controversée visant à préserver «les acquis et les droits nucléaires» du pays.

La loi a été critiquée par le gouvernement qui l'a qualifié de contraire à la Constitution dans la mesure où les négociations sont menées sous le contrôle du Conseil suprême de la sécurité nationale, une instance politique présidée par le président de la République et sous le contrôle direct de l'ayatollah Khamenei.

Le numéro un iranien a également apporté son soutien aux négociateurs nucléaires en les qualifiant d'hommes «intègres, qui ont de l'honneur et du courage».

«En Iran, tout le monde, moi-même, le gouvernement, le parlement, la justice, les services de sécurité et les forces armées, nous veulent un bon et juste accord qui garantit la grandeur du pays et est conforme aux intérêts de l'Iran», a-t-il poursuivi.