Israël a démenti mardi avoir espionné les négociations entre l'Iran, les États-Unis et cinq grandes puissances dans le but de saper les possibilités d'un accord sur le programme nucléaire de Téhéran, comme le rapporte le Wall Street Journal.

Plusieurs responsables ont assuré qu'Israël n'espionnait pas son grand allié américain et respectait depuis longtemps une interdiction totale de le faire. Ils font apparemment référence aux engagements pris envers Washington à la suite de l'affaire Jonathan Pollard, condamné en 1987 à la prison à perpétuité aux États-Unis pour espionnage au profit d'Israël.

«Israël n'espionne pas les États-Unis, un point c'est tout», a dit à la radio publique Youval Steinitz, ministre du Renseignement dans le gouvernement sortant de Benyamin Nétanyahou et proche de ce dernier.

Selon différents responsables, certains ont peut-être intérêt à attiser les flammes alors que les relations israélo-américaines traversent une mauvaise phase à la suite de la campagne électorale victorieuse de M. Nétanyahou.

«Ceux qui publient ces allégations mensongères veulent apparemment porter atteinte à l'excellente collaboration entre les services de renseignement israélien et américain. Nous poursuivrons cette collaboration, malgré nos profondes divergences sur le mauvais accord qui se profile», a dit M. Steinitz de Paris, où il a précisément eu des entretiens avec des responsables français sur le nucléaire iranien.

Le gouvernement sortant de M. Nétanyahou est farouchement opposé aux termes qui pourraient être ceux de l'accord destiné à garantir que la République islamique ne détourne pas ses activités nucléaires civiles pour se doter de la bombe atomique.

Outre la pose de micros, Israël a obtenu des informations de briefings américains confidentiels, d'informateurs et de contacts diplomatiques en Europe, selon le Wall Street Journal, qui cite des responsables américains.

Plus que par l'espionnage, la Maison-Blanche est irritée par le fait qu'Israël ait partagé ces informations confidentielles avec des élus du Congrès, où de nombreux adversaires républicains du président Barack Obama sont hostiles à un accord.

«Les directives sont claires depuis plusieurs dizaines d'années maintenant: on n'espionne pas les États-Unis, directement ou indirectement», a dit le ministre sortant des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman. «Il y a suffisamment de participants autour de la table des négociations pour que les fuites viennent d'ailleurs, notamment du côté iranien», a-t-il ajouté sur la radio militaire.

Le ministre sortant de la Défense Moshé Yaalon a évoqué sur la radio publique une «interdiction totale» d'espionner les États-Unis. Mais, «apparemment, quelqu'un veut faire souffler un vent mauvais» sur les relations entre les deux pays, a-t-il dit.

En parlant d'interdiction, MM. Lieberman et Yaalon faisaient à l'évidence allusion aux engagements pris après que Jonathan Pollard, un ancien analyste de la marine américaine, eut été condamné en 1987 à la prison à perpétuité aux États-Unis pour avoir transmis à Israël des milliers de documents secrets sur les activités du renseignement américain dans le monde arabe.

La crise ne s'était résolue qu'avec la promesse d'Israël de mettre un terme à toutes ses activités d'espionnage sur le sol américain.