Les chefs de diplomatie iranien et américain, Mohammad Javad Zarif et John Kerry, se retrouveront dimanche à Genève pour les négociations bilatérales sur le programme nucléaire iranien, a annoncé jeudi un négociateur iranien.

MM. Zarif et Kerry «rejoindront dimanche et lundi les négociateurs pour poursuivre les discussions» qui débutent vendredi au niveau des adjoints, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par l'agence officielle Irna.

«À l'issue de ces quatre jours de discussions bilatérales entre les délégations nucléaires iranienne et américaine, celles-ci pourraient continuer avec la participation de tous les membres du groupe 5+1», a ajouté M. Araghchi.

Il faisait référence aux six pays (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) qui négocient un accord historique garantissant la nature uniquement civile et pacifique du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales qui asphyxient l'économie de ce pays.

Le vice-ministre doit rencontrer vendredi et samedi la numéro 3 du département d'État américain, Wendy Sherman, pour cette nouvelle séance de négociations.

Il doit par ailleurs se rendre mardi à Vienne, pour rencontrer le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a indiqué plus tard Irna. L'AIEA est chargée de surveiller l'application d'un accord intérimaire, notamment par des inspections renforcées des installations nucléaires iraniennes, conclu en novembre 2013 entre l'Iran et les grandes puissances. L'Iran avait alors accepté de geler certaines de ses activités sensibles, contre une levée partielle des sanctions. Téhéran a respecté les termes de cet accord, mais n'a toujours pas fourni de réponses sur deux points concernant une «possible dimension militaire» de son programme nucléaire, selon un rapport du gendarme nucléaire de l'ONU consulté jeudi par l'AFP.

En parallèle à la négociation avec le 5+1, l'AIEA demande à Téhéran de répondre à des allégations précises, formulées par l'Agence en 2011 et démenties par l'Iran, selon lesquelles l'Iran aurait mené des recherches et des travaux concrets dans le passé pour se doter de la bombe atomique.

Les discussions américano-iraniennes, qui forment le socle des pourparlers avec le 5+1, auront lieu également sous l'égide de la diplomatie européenne et de sa chef adjointe Helga Schmid, avait indiqué mercredi la diplomatie américaine.

M. Zarif chapeaute les négociations côté iranien et a multiplié les rencontres avec avec m Kerry, les dernières fois à Davos (Suisse) et à Munich (Allemagne) en janvier et février en marge de réunions internationales.

En novembre dernier, après un an de discussion sur un accord définitif sur le nucléaire iranien, Téhéran et les grandes puissances s'étaient entendus pour parvenir d'abord à un accord politique avant le 31 mars et ensuite en finaliser les détails techniques pour un accord global avant le 1er juillet.

Mais début février, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'est montré hostile à ce calendrier en deux étapes.

«L'expérience montre que c'est un moyen pour (les grandes puissances) de pinailler (ergoter) sur tous les détails (...) Tout accord doit se faire en une seule étape et comprendre le cadre général et les détails. Il doit être clair et non sujet à interprétation», a-t-il affirmé.

L'accord intérimaire ayant été prolongé jusqu'à la fin juin, «cela signifie que les négociateurs ont jusqu'à la fin juin», a affirmé mercredi la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham.

Pour les États-Unis, il serait toutefois inutile de poursuivre les discussions après le 31 mars sans une «formulation fondamentale» ou «les contours» d'un accord dont les annexes seraient complétées dans le délai restant.

«Le problème est que pour l'instant, l'Iran ne nous a pas encore démontré qu'il voulait renoncer à la bombe; mais dès qu'il le fera, l'accord sera conclu», a dit jeudi le président français François Hollande.

Les grandes puissances exigent que l'Iran réduise ses capacités nucléaires afin d'empêcher qu'il puisse se doter un jour de la bombe atomique.

Téhéran, qui dément tout caractère militaire de son programme, revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée totale des sanctions économiques occidentales.