Les chefs de la diplomatie américaine et iranienne ont eu des entretiens «substantiels» mercredi à Genève, à cinq jours de la reprise des négociations entre Téhéran et les grandes puissances pour tenter de sceller un accord sur le programme nucléaire iranien d'ici le 1er juillet.

Le secrétaire d'État américain John Kerry et le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Zarif ont eu «des entretiens substantiels pendant environ 5 heures aujourd'hui (mercredi) et ont discuté d'un grand nombre de problèmes», a déclaré à Genève un haut responsable américain, membre du Département d'État.

Les deux hommes ont même discuté à l'extérieur de l'hôtel Mandarin Oriental de Genève, allant jusqu'à s'offrir une courte promenade en centre-ville, au grand dam des équipes chargées de leur sécurité.

Une heure et demi après ce premier round de discussions, et alors que l'agenda ne le prévoyait pas, John Kerry a rejoint son homologue iranien pour une deuxième réunion, qui a duré plus d'une heure.

«Je pense que c'est important et que cela montrera la disponibilité des deux parties pour avancer et accélérer le processus», avait déclaré Mohammad Javad Zarif avant sa rencontre avec M. Kerry.

Peu après son arrivée à Genève, le chef de la diplomatie de Téhéran avait déclaré à la presse iranienne que «de nouvelles propositions doivent être présentées». «Nous sommes prêts à faire aboutir toutes les questions mais il faut voir si l'autre partie est également prête», a-t-il dit.

Les Occidentaux «en particulier ne doivent pas présenter de nouvelles lignes rouges», avait souligné M. Zarif, sans plus de précisions.

M. Zarif doit encore rencontrer jeudi à Berlin son homogue allemand Frank-Walter Steinmeier, et vendredi à Paris son homologue français Laurent Fabius qui, le même jour mais plus tôt, s'entretiendra avec John Kerry, également reçu par le président François Hollande.

Parallèlement, les négociations américano-iraniennes doivent se poursuivre jeudi, vendredi et samedi, à un niveau inférieur.

Cette intense activité diplomatique prépare le terrain à la reprise officielle, dimanche à Genève,  des négociations entre l'Iran et le groupe P5+1 (USA, Russie, Chine, Royaume Uni, France et Allemagne), sous l'égide de la diplomatie de l'Union européenne.

Les grandes puissances et l'Iran ont déjà échoué à deux reprises à trouver un accord dans les délais qu'ils s'étaient imposés, dont la dernière date butoir du 24 novembre.

Conformément à un accord intérimaire conclu en novembre, ils ont désormais jusqu'au 1er juillet 2015 pour sceller un accord général sur le programme nucléaire de Téhéran, qui mettrait fin à plus de dix ans de crise diplomatique.

Interrogé sur un percée d'ici au 1er juillet, M. Zarif s'est montré prudent: «nous verrons», a-t-il répondu.

Les négociations bloquent notamment sur la volonté de l'Iran de conserver le droit d'enrichir de l'uranium, qui dans certains cas pourrait servir à la fabrication d'une bombe nucléaire. Il y a aussi des désaccords sur les sanctions globales qui frappent durement l'économie iranienne, l'Iran voulant une levée totale alors que Washington défend une suspension temporaire et graduelle.

Les négociateurs entourent leurs discussions du secret afin de rester efficaces. Pour John Kerry, la rencontre de Genève devrait permettre de «faire le point» et donner des instructions aux experts impliqués dans la négociation.

Le compte à rebours est engagé

Il avait assuré un peu plus tôt dans la semaine qu'il cherchait «à accélérer le processus pour faire plus de progrès».

Il existe chez les diplomates un sentiment d'urgence devant le temps qui s'écoule.L'ambassadrice  américaine auprès de l'ONU Samantha Power a mis en garde lundi contre le recours à de nouvelles sanctions qui torpilleraient probablement la négociation.

«Imposer de nouvelles sanctions aboutirait presque certainement à la fin des négociations qui non seulement ont permis de geler les avancées du programme nucléaire de l'Iran mais pourrait aussi nous conduire à un accord qui nous apporterait la confiance quant à sa nature pacifique» a affirmé Mme Power dans un club de réflexion américain.

«Si nous appuyons sur la gâchette de nouvelles sanctions maintenant, nous passerions d'un isolement de l'Iran à notre propre isolement», a-t-elle dit.

Selon l'accord intérimaire entré en vigueur en janvier 2014, l'Iran a accepté de limiter l'enrichissement d'uranium avec en contrepartie un aménagement relatif de certaines sanctions, dont le déblocage de 7 milliards de dollars de revenus pétroliers sur les quelque 100 milliards gelés dans des banques dans le monde.