Le gouvernement iranien a nié mardi avoir finalisé un accord sur le nucléaire avec les grandes puissances, après qu'un député a accusé ses négociateurs de faire en secret d'importantes concessions sur le dossier, signe des tensions politiques internes à propos de ces discussions.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a ainsi menacé de lancer des poursuites à l'encontre du député conservateur Alireza Zakani, qui a déclaré qu'un accord violant les «lignes rouges» fixées par Téhéran avaient été conclu.

Des élus conservateurs avaient à plusieurs reprises estimé que Téhéran avait déjà beaucoup cédé dans les discussions menées avec le groupe 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) avant la conclusion le 24 novembre dernier à Genève d'un accord intérimaire ayant permis une levée partielle des sanctions imposée à l'Iran en échange d'un gel des activités nucléaires sensibles de Téhéran.

Mais malgré les pressions, le président Hassan Rohani et le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif ont maintenu les discussions, espérant un accord définitif pour le 24 novembre prochain.

«Selon certaines informations, un accord a été finalisé entre la délégation iranienne et le côté américain», a déclaré mardi M. Zakani, cité par le site internet du Parlement.

«Il y a des informations selon lesquelles les lignes rouges ont été franchies dans un accord implicite qui va sans doute affaiblir les droits de la nation et bafouer toutes nos réalisations nucléaires», a-t-il ajouté.

Ces «lignes rouges» avaient été fixées par le guide suprême iranien Ali Khamenei il y a un an, répétant que son pays ne reculerait pas sur ses «droits nucléaires».

«Les députés sont dans le noir», a estimé M. Zakani. «Si les négociateurs agissent sans tenir compte du Parlement, cela causera beaucoup de problèmes et sera contraire aux intérêts de la nation (...) Ainsi l'équipe de négociateurs devrait assumer les conséquences».

Le député n'a pas fourni de précisions sur l'origine des informations qu'il a dit avoir obtenu et qui ont suscité une forte réaction du ministère des Affaires étrangères.

«L'équipe de négociateurs nucléaires est conscient des lignes rouges, elle est prudente et est attachée» à ces lignes, a ainsi déclaré la porte-parole du ministère, Marzieh Afkham, citée par l'agence officielle IRNA.

«Le seul accord atteint porte sur le titre que portera l'accord définitif, le "Plan d'action global conjoint"», a-t-elle souligné.

«De telles remarques (...) sont diffamatoires à l'égard de l'équipe de négociateurs et (ceux qui les font) peuvent être poursuivis», a-t-elle prévenu. «L'équipe de négociateurs sait très bien et plus que quiconque que tout accord ne tenant pas compte des lignes rouges n'aurait aucune valeur», a-t-elle ajouté.

Lundi, un diplomate occidental proche du dossier a estimé que les chances de parvenir à un accord sur le nucléaire iranien avant la date butoir du 24 novembre sont «assez faibles».

L'Iran et le groupe 5+1 doivent intensifier leurs négociations à Vienne dans les prochaines semaines dans l'espoir de conclure d'ici le 24 novembre un accord historique qui garantirait la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire de Téhéran.

En échange, l'Iran obtiendrait la levée des sanctions internationales qui asphyxient son économie.

Les Américains ne veulent pas prolonger le processus au-delà du 24 novembre, mais selon de nombreux observateurs, repousser la date butoir est inévitable.