Représentants de l'Iran et de l'Union européenne sont parvenus à un accord vendredi à Genève pour la mise en oeuvre de l'accord intérimaire sur le programme nucléaire de Téhéran, un projet qui doit encore être ratifié par les pays signataires, a annoncé le négociateur iranien.

«Nous avons trouvé des solutions à tous les points de désaccord, mais la mise en oeuvre de l'accord de Genève dépend de la ratification finale des capitales» concernées, a déclaré le vice ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, à la télévision iranienne.

Il a estimé que ses deux jours de discussions avec Helga Schmid, adjointe de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton qui mène les négociations au nom du 5+1 (Chine, États-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne) avaient été «bons, constructifs et intenses».

Les ministres des Affaires étrangères des grandes puissances qui étaient parvenus le 24 novembre à Genève à un accord avec l'Iran vont publier une déclaration, selon le responsable iranien qui a indiqué qu'aucune autre réunion au niveau des experts n'est prévue.

L'annonce du négociateur iranien n'a pas été immédiatement confirmée de source européenne.

M. Araghchi s'est refusé à donner une date pour la mise en oeuvre de l'accord, indiquant que cela dépendait de la décision des pays concernés.

Deux précédentes séries de négociations au niveau des experts, d'abord à Vienne puis à Genève en décembre, avaient abouti à proposer la date du 20 janvier pour mettre en oeuvre cet accord, qui constitue aux yeux de tous une avancée importante après plus de dix ans de tensions sur le programme nucléaire iranien.

L'accord entre les «5+1» et l'Iran prévoit une limitation de l'enrichissement d'uranium en Iran pendant une période de 6 mois, au cours desquels il n'y aura pas de nouvelles sanctions économiques.

L'Iran est soupçonné, malgré ses dénégations, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil.

Le dernier round de discussions à Genève visait à régler de façon politique trois questions en suspens.

Selon des sources diplomatiques, l'une des principales porte sur les dernières générations de centrifugeuses iraniennes pour enrichir l'uranium.

Ces discussions de Genève se sont tenues alors que les dirigeants iraniens s'inquiètent de plus en plus ouvertement de la lenteur de mise en oeuvre de l'accord et de ce qu'ils jugent comme des tentatives de le remettre en cause.

Dans une conversation téléphonique jeudi avec le président russe Vladimir Poutine, le président Hassan Rohani, qui par sa politique d'ouverture a permis cet accord, a mis en garde contre «la recherche de prétextes pour créer des problèmes dans le processus de négociations», selon l'agence iranienne Isna.

Il a aussi appelé, selon Isna, «certains pays à respecter leurs engagements et à éviter certaines structures qui masqueraient leur bonne volonté», une référence assez explicite aux tentatives du Congrès américain de voter des dispositions visant à renforcer les sanctions contre l'Iran en cas d'échec de la voie diplomatique.

L'accord porte sur six mois pendant lesquels de nouvelles négociations en vue d'un accord permanent pourront se tenir.

L'agence de l'ONU pour l'énergie atomique, l'AIEA, basée à Vienne, va aider dans la vérification du respect des engagements pris par l'Iran.

La Maison-Blanche contre de nouvelles sanctions

La Maison Blanche a répété vendredi qu'elle espérait que le Congrès n'adopterait pas de nouvelles sanctions contre l'Iran, s'abstenant toutefois d'assurer --comme elle l'avait fait en décembre-- qu'un tel texte ne passerait pas le Sénat.

«Nous espérons toujours que le Congrès n'adoptera pas de telles sanctions, en raison de l'effet négatif qu'elles auraient sur les négociations en cours et sur la possibilité de résoudre ces problèmes de manière pacifique», a déclaré le porte-parole de l'exécutif américain Jay Carney. «Mais je ne vais pas faire de prédictions en matière législative», a-t-il poursuivi.

Ces commentaires apparaissent en retrait par rapport à des propos tenus le 19 décembre par le même Jay Carney. «Nous ne pensons pas que ces mesures soient nécessaires. Nous ne pensons pas qu'elles seront adoptées», avait alors déclaré le porte-parole de la Maison Blanche. Mais «si elles étaient adoptées, le président y opposerait son veto», avait-il en outre prévenu.

Première phase de discussion avec l'AIEA terminée en février

La première phase de l'accord conclu avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le programme nucléaire de Téhéran sera terminée début février, a affirmé le chef du nucléaire iranien Ali Akbar Salehi, cité vendredi par la télévision nationale.

«L'Iran et l'Agence (onusienne) termineront la première phase des négociations d'ici le début février, et la seconde phase des négociations débutera peu après», a déclaré M. Salehi, cité par Press TV, la chaîne anglophone de la radio-télévision officielle.

L'AIEA et l'Iran ont signé le 11 novembre à Téhéran un accord pour faire la lumière sur la nature du programme nucléaire iranien, soupçonné par les Occidentaux et Israël de cacher un volet militaire.

L'Iran avait trois mois pour appliquer cette «feuille de route» en six points, avant de commencer des discussions sur un accord global.

L'un des points était l'inspection de l'usine de production d'eau lourde d'Arak (centre), fermée aux inspecteurs depuis 2011 et qu'ils ont pu visiter début décembre.

L'usine se trouve sur le même site que le réacteur à eau lourde d'Arak, que l'Iran envisage de mettre en route vers la fin 2014. Ce réacteur est au coeur des préoccupations des grandes puissances, car il offrirait à l'Iran la possibilité d'extraire du plutonium qui, une fois retraité, pourrait être utilisé pour la construction d'une bombe atomique.

Outre Arak, le texte autorise des visites de l'AIEA à la mine d'uranium de Gachin (sud). Une visite devrait intervenir entre janvier et février, a dit récemment M. Salehi sans plus de précision.

Une équipe de l'agence onusienne doit également se rendre à Téhéran le 21 janvier.

L'accord prévoit aussi que l'Iran fournisse des informations sur les futurs réacteurs de recherche, les emplacements des nouvelles centrales nucléaires civiles ou encore les futurs sites d'enrichissement d'uranium.

L'agence onusienne tente depuis deux ans d'éclaircir certains éléments indiquant que l'Iran a cherché à développer l'arme atomique, principalement avant 2003, sous couvert de nucléaire civil.

Elle souhaite notamment accéder au site militaire de Parchin, près de Téhéran, soupçonné d'avoir abrité des tests d'explosions conventionnelles applicables au nucléaire. L'Iran refuse pour l'instant l'accès du site en raison de sa nature militaire et parce que l'agence y avait déjà conduit des inspections en 2005, qui n'avaient rien révélé de suspect.

Le 11 novembre, le chef de l'AIEA, Yukiya Amano, avait toutefois indiqué que Parchin restait «important» et qu'une visite serait discutée «lors des pas suivants».