Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a affirmé dimanche que l'Iran poursuivait «sérieusement» les négociations nucléaires avec les grandes puissances malgré «le geste inapproprié» des États-Unis qui ont élargi leur liste noire contre l'Iran.

L'inscription jeudi d'une dizaine de noms sur la liste des entreprises et individus soupçonnés de violer les sanctions commerciales contre Téhéran a provoqué la colère de l'aile dure du régime iranien qui a réclamé une «réaction appropriée» des dirigeants iraniens.

«Nous poursuivons sérieusement les négociations et nous donnerons une réponse bien étudiée, ciblée et appropriée à tout geste inapproprié et non-constructif», a écrit M. Zarif sur sa page Facebook.

«Ces derniers jours, les Américains ont eu des gestes inappropriés, auxquels nous avons donné une réponse appropriée, considérant tous les aspects de la question», a expliqué le ministre, qui chapeaute les négociations avec le groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne).

Il a indiqué plus tard à la chaîne CBS aux États-Unis: «Le processus a déraillé, le processus n'est pas mort».

L'Iran est engagé à l'accord de Genève, a-t-il encore dit, ajoutant: «Il faut être deux pour danser le tango».

Les négociations techniques qui avaient lieu à Vienne sur l'accord nucléaire conclu le 24 novembre à Genève avec les grandes puissances ont été interrompues après l'annonce américaine.

Selon l'accord intérimaire conclu de novembre, l'Iran, soupçonné par l'Occident de vouloir acquérir l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil, doit limiter ses activités nucléaires pendant six mois en échange d'une levée partielle des sanctions occidentales.

L'ONU et l'Union européenne s'engagent également à ne pas imposer de nouvelles sanctions liées au nucléaire pendant cette période, tandis que l'administration américaine doit «éviter» d'en imposer.

Les États-Unis ont annoncé avoir ajouté à leur liste noire une dizaine d'entreprises et d'individus, en majorité iraniens, soupçonnés de commercer illégalement avec l'Iran.

Ces sociétés et dirigeants verront leurs éventuels avoirs aux États-Unis gelés, et toute société américaine ou faisant des affaires aux États-Unis a désormais interdiction de commercer avec eux.

L'administration américaine a expliqué que cette mesure faisait partie des sanctions existantes et ne violait pas l'accord de Genève. Mais la décision a encouragé, en Iran, les opposants à cet accord qui estiment que Téhéran a fait trop de concessions aux Occidentaux.

Le quotidien conservateur Kayhan a dénoncé par exemple un accord qui ne reconnaît pas «le droit explicite» de l'Iran à l'enrichissement d'uranium et une liste noire étoffée qui rend cet accord «à moitié mort».

Dans une lettre ouverte publiée dans la presse, les étudiants islamistes de l'Université de Téhéran, un bastion conservateur, ont aussi appelé M. Zarif à «ne pas rester engagé à un accord humiliant».

Mais le ministre a écarté sur Facebook tout désengagement de l'Iran. «Des amis qui étaient mécontents (de l'accord) ont déjà annoncé sa mort prématurée, ce qui est l'expression de leurs désirs plutôt que la vérité», a-t-il souligné.

L'équipe de négociateurs iraniens «a une responsabilité plus importante» et «est prête à rester silencieuse face aux accusations injustes dans l'intérêt national», a assuré M. Zarif, assurant qu'elle répondrait «à toutes les critiques et ambiguïtés au bon moment».

Vendredi, le secrétaire d'État américain John Kerry avait assuré que les négociations reprendraient «dans les prochains jours», minimisant la suspension annoncée par Téhéran.

Un porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, qui représente les grandes puissances dans ces négociations, avait lui aussi affirmé que «des consultations» auraient lieu dans les capitales, «en espérant que les négociations techniques reprendront bientôt».