La reprise mercredi à Genève des négociations sur le programme nucléaire iranien suscite un chassé-croisé diplomatique mondial sans précédent, mobilisant les grandes puissances, pressées à la fermeté par Israël et appelées par l'Iran à ne pas manquer une rare  opportunité de régler cette crise.

Au moment où les discussions reprennent entre diplomates à Genève, le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, après s'être assuré du soutien de la France lors d'une visite du président François Hollande, s'envole mercredi en urgence pour Moscou pour y rencontrer le président Vladimir Poutine.

Ce dernier, qui a eu une conversation téléphonique avec le président iranien Hassan Rohani, avait évoqué «une chance réelle» de régler la question du nucléaire en Iran.

Le président des États-Unis Barack Obama a dit mardi qu'il ne savait pas si les négociations de Genève aboutiraient à un accord intérimaire cette semaine, tout en enjoignant le Congrès américain à la souplesse. «Je ne sais pas si nous serons capables de parvenir à un accord cette semaine ou la semaine prochaine», a-t-il affirmé.

Mais plus tôt, lors d'une rencontre de deux heures à la Maison-Blanche, Barack Obama avait demandé à d'importants sénateurs américains de donner une chance aux pourparlers, et de ne pas voter un renforcement des sanctions existantes, comme certains l'envisagent.

Le Premier ministre britannique David Cameron a appelé mardi le président Rohani, dans une démarche inédite depuis «plus d'une décennie», a annoncé Downing Street.

Les deux dirigeants ont discuté de l'amélioration des relations entre le Royaume-Uni et l'Iran, avec la nomination de chargés d'affaires non-résidents la semaine dernière, ainsi que des «progrès significatifs» dans les négociations sur le programme nucléaire iranien, et de la nécessité d'une «solution politique» en Syrie, selon le communiqué de Downing Street.

Un premier round de discussions s'était achevé le 9 novembre à Genève sans aboutir. Tous les participants avaient cependant souligné les progrès accomplis, rendus en grande partie possibles par la politique d'ouverture menée par le président Rohani depuis son élection en juin.

«Nous voudrions que les Russes aient une meilleure compréhension de nos inquiétudes et de la nécessité d'empêcher l'Iran d'être en mesure de disposer rapidement» de la bombe atomique, a indiqué mardi à l'AFP un haut responsable israélien.

Le groupe des 5+1 (Russie, États-Unis, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) négocie avec l'Iran, qu'Israël et les Occidentaux accusent de vouloir se doter de la bombe atomique sous couvert de nucléaire civil, ce que ce pays dément.

Au Congrès à Washington, certains démocrates et républicains entendent voter un nouveau volet de sanctions économiques contre Téhéran, persuadés que ce sont les précédentes sanctions qui ont poussé les dirigeants iraniens à la table des négociations et que le resserrement de l'étau pourrait les conduire à la capitulation.

Un groupe de six influents sénateurs démocrates et républicains, dont l'ancien candidat à la présidentielle John McCain, a fait part mardi de son inquiétude au secrétaire d'État John Kerry dans une lettre où ils exigent que Téhéran aille plus loin qu'un simple ralentissement des activités d'enrichissement.

«Bien que l'accord intérimaire suggère que l'Iran est potentiellement prêt à ralentir de façon temporaire sa recherche de la capacité d'arme nucléaire, il pourrait aussi permettre à l'Iran de continuer à avancer vers cet objectif sous couvert des négociations». C'est aussi ce que dit la France, qui avait fortement pesé au début du mois pour amender un texte d'accord intérimaire sur lequel Iraniens et Américains avaient largement avancé.

Cette offensive de fermeté inquiète à Téhéran. Le président Rohani a mis en garde lundi, dans sa conversation avec Vladimir Poutine, contre les «demandes excessives» des grandes puissances qui risquent de «compliquer» la conclusion d'un accord «gagnant-gagnant».