L'Iran a dit mercredi accepter le principe d'inspections-surprises de ses sites nucléaires, confortant les progrès des négociations de Genève sur le programme nucléaire iranien controversé.

Téhéran a annoncé que ces négociations reprendraient dans quelques semaines à Genève, pour laisser le temps aux Occidentaux d'étudier dans le détail ses propositions.

L'accord sur les visites-surprises des installations nucléaires était une demande des États-Unis et elles avaient été exclues mardi par le négociateur iranien dans une déclaration aux médias de son pays.

Parallèlement, l'Iran et le Royaume-Uni ont annoncé, à la suite d'une rencontre bilatérale, le dégel de leurs relations diplomatiques directes rompues depuis fin 2011, avec une réouverture rapide de leurs ambassades respectives.

L'annonce de la reprise des négociations a été faite par le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, sur son compte Facebook.

«La poursuite des négociations aura lieu à Genève dans quelques semaines. Dans l'intervalle, les membres du groupe 5+1 auront l'opportunité d'étudier les détails des propositions iraniennes et de préparer les mesures qu'ils comptent prendre», a déclaré M. Zarif.

Les travaux en plénière ont commencé en fin de matinée avec près de deux heures de retard et ont été précédées de discussions sans l'Iran entre les représentants de 5+1, les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne) plus l'Allemagne sous la présidence du chef de la diplomatie de l'Union Européenne Catherine Ashton.

Il y a également eu des réunions bilatérales, a indiqué un porte-parole de Mme Ashton, sans plus de précisions sur ces retards.

Selon une source officielle iranienne, le chef de la diplomatie de l'Iran, Mohammad Javad Zarif devait participer à la plénière de l'après-midi et il devrait y avoir ensuite la publication d'une déclaration commune.

L'annonce de l'application du protocole additionnel par l'Iran prévoyant des inspections-surprises de ses sites nucléaires est venue de Téheran, le négociateur nucléaire Abbas Araghchi rectifiant une précédente déclaration de mardi.

Selon lui, le plan proposé aux grandes puissances comprend deux phases essentielles : une première phase, de six mois, permettra de «rétablir la confiance mutuelle» et une phase finale où l'Iran appliquera des mesures de vérification de l'AIEA pour faire la «transparence» sur son programme nucléaire contre la levée des sanctions internationales.

Le protocole additionnel permet des inspections renforcées et inopinées des installations nucléaires par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et oblige un pays à communiquer des renseignements sur toutes les opérations du cycle du combustible nucléaire.

L'application du protocole additionnel était l'une des demandes du secrétaire d'État américain John Kerry à l'Iran pour montrer sa bonne volonté dans les négociations. Les résolutions de l'AIEA et du Conseil de sécurité de l'ONU exigent aussi que l'Iran signe et applique ce protocole additionnel.

L'Iran, signataire du TNP, a appliqué de manière volontaire le protocole additionnel entre 2003 et 2005 avant de cesser de le faire quand le dossier nucléaire iranien a été envoyé au Conseil de sécurité de l'ONU.

Suite à une rencontre bilatérale, l'Iran et le Royaume-Uni, dont les relations diplomatiques directes sont rompues depuis fin 2011, ont décidé mercredi de nommer des chargés d'affaires d'ici deux semaines, a rapporté l'agence officielle Irna.

Interrogé par l'AFP, le Foreign office a indiqué qu'une annonce serait faite «prochainement».

Londres avait fermé son ambassade à Téhéran après la mise à sac du bâtiment fin 2011 par des miliciens islamistes qui protestaient contre l'annonce de nouvelles sanctions britanniques contre Téhéran. L'ambassade d'Iran à Londres avait également été fermée.

Les négociations entre l'Iran et les 5+1 étaient dans l'impasse depuis avril dernier, entraînant un durcissement des sanctions économiques qui frappent l'Iran. Les Occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de cacher un volet militaire sous couvert de son programme nucléaire civil.

Israël se montre de plus en plus inquiet sur l'évolution des négociations à Genève. Le ministre israélien des Affaires stratégiques Youval Steinitz a mis en garde contre un nouveau «Munich».

«Nous considérons les discussions sur le nucléaire à Genève avec espoir et préoccupation. Nous voyons des signes inquiétants et nous ne voulons pas que Genève 2013 se transforme en Munich 1938», a-t-il dit lors d'une réunion au Parlement. Il faisait référence à la conférence de Munich en 1938, au cours de laquelle la Grande-Bretagne et la France avaient cédé aux exigences de l'Allemagne nazie pour éviter la guerre, qui éclata finalement un an plus tard.