Une « proposition confidentielle » présentée hier par l'Iran suffira-t-elle à faire débloquer les négociations sur le programme nucléaire du pays, qui ont repris hier à Genève ? Rien n'est moins sûr, d'autant plus que d'éventuelles inspections-surprises des installations nucléaires seraient exclues par les autorités iraniennes. Le spécialiste du monde arabe Jabeur Fathally se dit néanmoins optimiste. Quatre mots pour comprendre l'ouverture du régime.

Nucléaire

Longtemps tenu secret, le programme nucléaire iranien a été dévoilé en 2002. Téhéran affirme que ses ambitions nucléaires ne servent que des fins civiles. Mais plusieurs pays, dont Israël, soupçonnent le pays de vouloir se doter de l'arme atomique. En 2011, l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) a d'ailleurs fait état de ses «préoccupations sérieuses concernant les possibles dimensions militaires du programme iranien». Le pays fait face à diverses sanctions économiques depuis 10 ans. En échange d'une levée des sanctions, l'Iran se dit aujourd'hui ouvert à réduire son programme nucléaire.

Rohani

Le président Hassan Rohani, élu en juin dernier, est considéré comme un modéré. «Il a changé le ton, son discours est totalement différent de celui de son prédécesseur, Mahmoud Ahmadinejad», affirme Jabeur Fathally, professeur en droit civil à l'Université d'Ottawa. S'il n'a pas serré la main du président Barack Obama à la dernière assemblée générale de l'ONU, les deux pays ne mènent pas moins des discussions dans plusieurs dossiers. «Je pense qu'il est sincère, signale M. Fathally, mais n'oublions pas que M. Rohani a lui-même tracé la ligne rouge que son pays ne veut pas franchir. Il n'est pas question d'abandonner l'enrichissement nucléaire à des fins civiles.»

Ouverture

Depuis l'élection de Rohani, l'Iran multiplie les signes d'ouverture envers l'Occident. Certains sont plus symboliques, comme la rencontre entre le président iranien et son homologue français François Hollande. Mais l'Iran collabore aussi dans des dossiers plus délicats, précise M. Fathally. «On voit qu'ils sont sérieux. On l'a bien vu sur la question syrienne. Ils ont manifesté une certaine ouverture ces derniers temps. Ce n'est donc pas par hasard si les Américains cherchent à rétablir leurs liens avec l'Iran. Même le secrétaire d'État américain, John Kerry, a évoqué récemment la possibilité que certaines sanctions soient levées.»

Chômage

Si l'Iran semble vouloir s'ouvrir sur le monde, c'est aussi parce que la situation économique du pays est désastreuse. C'était d'ailleurs une des promesses électorales du président Rohani: obtenir un allègement des sanctions économiques imposées à son pays. Et pour cause, avec un taux de chômage estimé à 25%. Le dossier nucléaire devient alors une monnaie d'échange fort attrayante. «Les Iraniens ont besoin des investissements étrangers, affirme Jabeur Fathally. Ils ont besoin des sociétés pétrolières françaises et américaines. Ils ont besoin de tout cela, l'économie en a tellement besoin!»