L'Iran a demandé dimanche aux grandes puissances de revoir leur copie dans les négociations nucléaires, estimant qu'une précédente offre n'était plus valable à quelques jours de la reprise des discussions à Genève.

Lors des deux réunions à Almaty (Kazakhstan) en février et avril, le groupe 5+1(États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) avait notamment proposé que l'Iran suspende l'enrichissement d'uranium à 20% et limite ses activités d'enrichissement à Fordo, un site souterrain proche de Qom (centre) difficile à détruire par une action militaire. En contrepartie, il atténuerait certaines sanctions sur le commerce de l'or et le secteur pétrochimique.

«L'offre précédente du groupe 5+1 a rejoint l'histoire et ils doivent venir à la table des négociations avec une nouvelle approche», a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, alors que les deux parties reprendront leurs discussions les 15 et 16 octobre à Genève.

La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a déclaré la semaine dernière à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, que les grandes puissances attendaient la réponse à cette offre, qui avait déjà été jugée insuffisante par l'Iran à l'époque.

Selon M. Zarif, un accord sur le dossier nucléaire peut être obtenu «dans un an». «Nous ne permettons pas qu'on négocie juste pour le principe. La question nucléaire est un grand test pour voir si l'Occident cherche réellement une solution», a-t-il dit.

Les négociations de Genève seront les premières entre les 5+1 et l'Iran depuis l'élection en juin du président modéré Hassan Rohani. Celui-ci a souhaité arriver rapidement à un accord sur le très controversé programme nucléaire de l'Iran, alors que les négociations n'ont pas avancé depuis huit ans.

M. Rohani a effectué une visite historique à l'ONU fin septembre, notamment en ayant un contact téléphonique avec le président américain Barack Obama, alors que les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980.

Les chefs de la diplomatie de l'Iran et du 5+1 se sont rencontrés à New York, une autre première, afin de relancer les négociations.

L'offensive diplomatique de M. Rohani a été saluée par le guide suprême iranien Ali Khamenei, qui a la haute main sur les dossiers stratégiques. Mais il a toutefois critiqué le coup de téléphone «déplacé» entre les deux présidents.

À New York, le président Rohani a de nouveau insisté sur le droit de l'Iran à l'enrichissement d'uranium, au centre des inquiétudes occidentales et israéliennes, qui accusent Téhéran de chercher à fabriquer l'arme atomique. Ce que Téhéran a toujours démenti, répétant que son programme nucléaire était uniquement civil.

«Totale transparence»

«Notre objectif est de maîtriser l'énergie nucléaire pacifique, notamment l'enrichissement d'uranium sur notre sol et leur objectif est que notre programme reste toujours pacifique. Il faut trouver une méthode pour atteindre ces deux objectifs dans le même temps», a répété M. Zarif.

Il a ajouté que l'Iran était prêt à «une totale transparence» sur son programme nucléaire pour rassurer la communauté internationale. Il a assuré que les sanctions internationales décrétées contre Téhéran n'avaient pas «réussi», même si elles ont «touché la vie quotidienne des Iraniens».

Pour sa part, le ministre de l'Économie, Ali Tayebnia a averti qu'il ne fallait pas espérer une «levée des sanctions dans un avenir proche» et croire que la levée de ces sanctions allait «résoudre les problèmes» rapidement.

Les sanctions pétrolières, bancaires et commerciales imposées depuis début 2012 ont divisé par deux les revenus pétroliers de l'Iran, provoquant une chute de la valeur de la monnaie nationale et une inflation de 40%, selon des chiffres officiels.

S'ils ont salué la volonté de l'Iran d'aboutir à un accord, les Occidentaux s'inquiètent de certains pans du programme nucléaire iranien.

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a réclamé notamment dimanche la transparence sur les activités de Fordo et sur le réacteur à eau lourde d'Arak.

Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a pour sa part appelé la communauté internationale à ne pas relâcher la pression sur l'Iran, estimant que les sanctions étaient «sur le point d'atteindre leur but». Israël, principal ennemi régional de Téhéran, s'est dit prêt à agir seul pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique.