La Maison-Blanche a prévenu vendredi que les récentes avances de Hassan Rohani n'étaient «pas suffisantes» mais a laissé planer l'ambiguïté sur une rencontre entre Barack Obama et son nouvel homologue iranien la semaine prochaine.

Le conseiller adjoint de sécurité nationale du président américain, Ben Rhodes, a pris note du ton conciliant adopté par M. Rohani vis-à-vis de l'Occident depuis sa prise de fonctions le mois dernier, ainsi que de la libération cette semaine de prisonniers politiques. Ce geste s'est produit à quelques jours de l'arrivée du dirigeant iranien, élu grâce au soutien des réformateurs, à New York pour participer aux travaux de l'Assemblée générale des Nations unies.

«Je remarque qu'il y a eu quelques développements positifs dans le domaine des prisonniers, et de certaines déclarations du président Rohani, mais elles ne sont clairement pas suffisantes pour répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur le programme nucléaire, donc il va nous falloir continuer à insister sur des actes», a expliqué M. Rhodes lors d'une conférence téléphonique.

Washington et ses alliés soupçonnent le programme nucléaire iranien d'avoir des visées militaires, ce que Téhéran dément. Le président Obama a indiqué ne pas exclure une action militaire en Iran si la diplomatie et les sanctions internationales échouaient à convaincre la république islamique à renoncer à une arme nucléaire.

M. Rohani, dans un entretien à une télévision américaine cette semaine, a assuré que son pays ne cherchait pas à élaborer une bombe atomique et juré que ce ne serait jamais le cas.

M. Rhodes, reprenant les éléments de langage que la présidence américaine emploie sur l'Iran depuis des mois, a affirmé que «la fenêtre diplomatique ne restera pas ouverte indéfiniment (...) mais nous pensons qu'il y a encore du temps pour donner une chance à la diplomatie».

Pour lui, «nous avons toujours dit clairement que nous jugerions (l'Iran) sur la base d'actes du gouvernement iranien, pas seulement sur leurs déclarations». Il a rappelé que les États-Unis avaient oeuvré depuis quatre ans à élaborer «un régime de sanctions impressionnant» contre le gouvernement de Téhéran, et estimé que «leur intérêt à poursuivre sur la voie diplomatique est liée à leur volonté de faire quelque chose face aux sanctions qui les frappent».

Le New York Times a affirmé vendredi, citant Amir Mohebbian, un expert en politique présenté comme un conseiller des dirigeants iraniens, que ces derniers avaient été encouragés par la lettre envoyée par M. Obama à M. Rohani après son investiture le mois dernier.

De même source, M. Mohebbian a indiqué que l'Iran voulait obtenir une levée rapide des sanctions, et pour ce faire, était prêt à limiter l'étendue de son programme nucléaire. Les dirigeants de la République islamique estiment que des négociations directes avec l'administration américaine seront plus efficaces que les pourparlers nucléaires actuels via le «groupe des six», assure le Times.

Mais M. Rhodes a expliqué qu'aux yeux de Washington, «les moyens de résoudre cette question comprennent le groupe des six», soit les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne.

Alors que les spéculations sur une rencontre entre MM. Obama et Rohani vont bon train, il a aussi souligné qu'aucune rencontre n'était «au programme» en l'état entre les responsables, qui se trouveront en même temps à New York la semaine prochaine. Mais il ne l'a pas non plus exclue totalement.

Lors d'un entretien diffusé jeudi sur NBC, M. Rohani lui-même n'a pas exclu une telle rencontre dans un avenir proche, qui serait sans précédent depuis qu'Iran et États-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques dans la foulée de la révolution islamique de 1979. «Tout est possible dans le monde de la politique», a-t-il philosophé.