Le chef de l'AIEA a tendu la main lundi à la nouvelle équipe au pouvoir à Téhéran l'invitant à un travail constructif, tout en qualifiant «d'urgent et d'essentiel» la levée par l'Iran des inquiétudes sur son programme nucléaire.

«Étant donné la nature et le nombre d'informations crédibles à disposition de l'agence concernant une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien, il est toujours urgent et essentiel que l'Iran coopère avec nous sur le fondement de nos inquiétudes», a déclaré le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, selon le texte de son discours introductif au conseil des gouverneurs réuni à partir de lundi à Vienne.

Si le Japonais avait il y a trois mois exprimé sa lassitude en dénonçant un dialogue qui tourne en rond avec l'Iran, il a cette fois utilisé un langage nettement plus mesuré après les signes d'apaisement en provenance du nouveau gouvernement du président Hassan Rohani et avant la reprise des négociations entre les deux parties prévues à Vienne le 27 septembre.

L'agence reste prête à «travailler de façon constructive avec l'Iran, sous le nouveau gouvernement du pays, afin de résoudre les questions en suspens par des moyens diplomatiques», a-t-il ainsi souligné.

Et il a de nouveau invité le pays à «apporter, sans plus attendre, une réponse substantielle» aux questions de l'agence portant sur le site militaire de Parchin, où l'agence soupçonne le régime islamique d'avoir procédé à des tests d'explosions applicables au nucléaire. Depuis début 2012, l'AIEA a exigé, sans succès, d'accéder à cette base.

Dans un rapport en novembre 2011, l'AIEA avait publié un faisceau d'éléments indiquant que le régime islamique avait travaillé à la mise au point de l'arme nucléaire avant 2003. Les discussions entamées entre les deux camps depuis visent à mettre au point un accord permettant aux inspecteurs de l'agence onusienne de vérifier si ces soupçons sont fondés ou non.

Les gouverneurs des 35 pays membres de l'AIEA, réunis à huis clos jusqu'à vendredi, devraient se montrer moins critiques envers l'Iran, afin de laisser au nouveau gouvernement la chance de concrétiser ses paroles conciliantes par des actes, estiment des diplomates à Vienne.

Soucieux de négocier un allègement des sanctions internationales qui étranglent l'économie du pays, M. Rohani s'est dit prêt à mener «des discussions sérieuses» sur le nucléaire, tout en réaffirmant le droit de la République islamique à enrichir de l'uranium pour la production d'électricité ou à des fins médicales.

Il a complètement renouvelé l'équipe de négociateurs sur les questions nucléaires.

Le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, qui s'est vu confier la responsabilité des négociations avec le groupe des 5+1 (États-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne), doit rencontrer Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, fin septembre à New York.

La rencontre entre l'Iran et l'AIEA sera la onzième du genre depuis début 2012. Le prochain conseil des gouverneurs en novembre sera donc l'occasion de faire le point, et si besoin est, de hausser à nouveau le ton, estiment des diplomates.

Les grandes puissances soupçonnent l'Iran, malgré ses dénégations répétées, de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme civil, en particulier grâce à ses activités d'enrichissement.

Dans son dernier rapport, Yukiya Amano a d'ailleurs pointé une forte augmentation du nombre de centrifugeuses d'ancienne ou de nouvelle génération sur le principal site de Natanz (centre). Une fois mises en service, elles pourraient faire grimper très rapidement la production d'uranium enrichi du pays.

Le dossier syrien pourrait aussi s'inviter au conseil à l'initiative de la Russie, qui a mis en garde contre les conséquences catastrophiques d'une éventuelle frappe militaire américaine dans le pays, car des missiles pourraient atteindre un petit réacteur de recherche nucléaire. Moscou a demandé à l'AIEA une analyse des risques.