Le président Hassan Rohani a déclaré mardi que l'Iran était prêt à des négociations «sans perte de temps» avec les grandes puissances pour résoudre la crise du nucléaire, et jugé que les États-Unis comprenaient mal son pays.

M. Rohani, un religieux modéré élu dès le premier tour de la présidentielle en juin, s'exprimait lors de sa première conférence de presse depuis sa prise de fonctions samedi.

«Nous sommes prêts à des négociations sérieuses sans perte de temps» avec les puissances du groupe 5+1 (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne), a déclaré M. Rohani se disant «certain que si l'autre partie est prête, les inquiétudes (des Occidentaux, ndlr) seront levées rapidement».

Israël et les pays occidentaux accusent Téhéran de chercher à fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, en particulier l'enrichissement d'uranium. Ce que l'Iran a toujours démenti.

Malgré plusieurs rounds de négociations, l'Iran et le groupe 5+1 n'ont pas réussi à trouver une issue à la crise.

Toutefois, l'élection de M. Rohani, qui a succédé à Mahmoud Ahmadinejad --dont les années à la présidence furent marquées par de multiples tensions avec l'Occident-, a créé un certain espoir pour relancer les négociations.

La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, en contact avec Téhéran au nom du groupe 5+1, a d'ailleurs écrit à M. Rohani souhaitant des «discussions significatives» sur le nucléaire, ont indiqué ses services mardi.

Tout en insistant sur la volonté de Téhéran de reprendre les négociations, M. Rohani a souligné sur le refus de Téhéran de renoncer à ses «droits indéniables» en matière nucléaire, notamment l'enrichissement d'uranium.

«Le gouvernement insiste sur les droits nucléaires conformes aux règles internationales. Nous ne céderons pas sur les droits de notre nation, mais nous sommes partisans d'un dialogue et d'une entente», a ajouté M. Rohani.

«Personne n'a dit en Iran qu'on cessera l'enrichissement d'uranium. Personne et à aucun moment (...) C'est le droit indéniable de l'Iran», a insisté le nouveau président, soulignant sa «volonté politique sérieuse pour régler la question (nucléaire) en préservant les droits de l'Iran et dans le même temps répondre aux inquiétudes de l'autre partie».

M. Rohani, qui a été chef des négociateurs sur le dossier nucléaire au début des années 2000 et avait accepté à l'époque la suspension de l'enrichissement d'uranium, s'est encore prononcé pour «des négociations gagnant-gagnant», précisant qu'il allait nommer une nouvelle «équipe de négociateurs».

Il a par ailleurs critiqué les dirigeants américains qui ont, selon lui, une «mauvaise compréhension» de l'Iran, ainsi que les nouvelles sanctions contre l'industrie pétrolière.

«Malheureusement aux États-Unis, il y a des groupes de pression, des va-t-en-guerre hostiles à un dialogue constructif, qui cherchent à assurer les intérêts d'un pays étranger (Israël, ndlr) et y prennent leurs ordres», a-t-il indiqué.

Il faisait référence au vote récent par la Chambre des représentants d'une nouvelle loi qui vise à empêcher totalement les exportations pétrolières de l'Iran. Les nouvelles sanctions occidentales imposées depuis début 2012 ont réduit de moitié les exportations pétrolières de l'Iran, faisant passer les revenus pétroliers de 100 milliards de dollars à moins de 50 milliards.

Des sénateurs américains ont par ailleurs appelé à un durcissement des sanctions.

«Si l'autre partie est prête, les inquiétudes mutuelles peuvent être levées rapidement (...), mais si on croit pouvoir imposer sa volonté à l'Iran par la force et les sanctions, on se trompe», a-t-il dit.

M. Rohani a ajouté que «l'objectif des sanctions (occidentales, ndlr) était de faire pression sur la population et la vie quotidienne des gens», mais que les Iraniens ont montré «qu'ils résistaient face à ces sanctions».

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a également dénoncé mardi ces nouvelles sanctions unilatérales américaines qui visent à «asphyxier l'Iran sur les plans économiques et financiers (et qui) vont à l'encontre des intérêts fondamentaux de la communauté internationale, de l'objectif de garantir le régime de non-prolifération des armes nucléaires».