Le président élu Hassan Rohani s'est dit contre tout arrêt du programme d'enrichissement d'uranium par l'Iran, au coeur des inquiétudes des grandes puissances, lors de sa première conférence de presse lundi à Téhéran.

Il a également rejeté toute ingérence étrangère dans les affaires syriennes, affirmant que le conflit «doit être réglé par le peuple syrien» qui se déciderait lors de la présidentielle de 2014.

Interrogé sur la possibilité d'un dialogue direct avec les États-Unis, ennemi historique de la République islamique, le nouveau président a estimé que l'une des conditions d'un tel dialogue était la reconnaissance par Washington des «droits de l'Iran, notamment les droits nucléaires».

M. Rohani a promis durant la campagne électorale plus de souplesse dans le dialogue avec l'Occident, mais sa victoire ne devrait toutefois pas marquer une rupture dans la politique de la République islamique, les dossiers stratégiques comme le nucléaire ou les relations internationales étant sous l'autorité directe du Guide suprême et numéro un du régime Ali Khamenei.

Selon la Constitution, le président est le deuxième personnage de l'État.

«L'époque» des demandes occidentales pour un arrêt de l'enrichissement «est révolue», a dit M. Rohani, alors que les négociations avec le groupe des 5+1 (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) butent depuis plusieurs années sur la question de la suspension de l'enrichissement. Les Occidentaux et Israël redoutent que Téhéran veuille pousser l'enrichissement à un niveau suffisant pour fabriquer l'arme atomique (soit à 90 %), ce que l'Iran dément.

Le nouveau président iranien a assuré qu'il existait «de nombreuses voies pour créer la confiance» avec les Occidentaux car Téhéran allait «faire (preuve de) plus de transparence pour montrer que (ses) activités sont dans le cadre des règles internationales».

Et il a, dans ce contexte, jugé «injustes» et injustifiées les sanctions internationales imposées à son pays.

«Les sanctions sont injustes, le peuple iranien n'a rien fait pour les subir. Nos activités (nucléaires) son légales. Ces sanctions sont au désavantage de l'Occident et profitent seulement à Israël», a-t-il poursuivi.

Les sanctions ont été imposées pour contraindre l'Iran, accusé malgré ses démentis de vouloir se doter de l'arme atomique, à cesser ses activités sensibles. Elles se sont traduites par une crise économique dans le pays.

Pour régler la crise du nucléaire, M. Rohani souhaite «rendre plus actives les négociations avec le groupe 5+1», car «le problème nucléaire ne peut être réglé que par les négociations».

Le gouvernement «tiendra compte des droits de l'Iran et tentera de faire lever les sanctions injustes petit à petit», a assuré M. Rohani.

Il n'a pas écarté la possibilité d'un dialogue direct avec Washington, mais celui-ci «doit se faire dans l'égalité et le respect mutuel». Il a également posé des conditions, comme la non-ingérence américaine dans les affaires de l'Iran, la reconnaissance des «droits nucléaires» de Téhéran et la fin de sa «politique unilatérale et de pression» à travers les sanctions.

Au début de sa conférence de presse, il a dit souhaiter une «nouvelle entente» avec le monde, et notamment «renforcer les relations» avec l'Arabie saoudite.

Les monarchies sunnites du Golfe entretiennent des rapports extrêmement méfiants avec l'Iran chiite, accusé d'ingérence dans leurs affaires intérieures et à cause de son soutien au régime du président syrien Bachar al-Assad.

En politique intérieure, M. Rohani a assuré que son gouvernement serait «non partisan» et qu'il comprendrait «des modérés, des réformateurs et des conservateurs». Il a également «invité» le candidat réformateur Mohammad Reza Aref, qui avait aidé à son élection en se désistant, à intégrer son cabinet. «C'est à lui de décider», a-t-il précisé.

Un seul incident a émaillé cette première conférence de presse. Alors que le président Rohani quittait la salle, un inconnu a lancé un message de soutien au leader réformateur Mir Hossein Mousavi, en résidence surveillée depuis 2011.