L'Iran et les grandes puissances ne sont pas parvenus à faire une percée dans les négociations sur le programme nucléaire iranien controversé, les positions des deux parties restant «très éloignées» après deux journées d'intenses pourparlers au Kazakhstan.

«Il est devenu clair que les positions (des grandes puissances) et de l'Iran restent très éloignées sur le fond», a déclaré Catherine Ashton, la représentante de la diplomatie de l'Union européenne, qui dirige les négociations pour les grandes puissances.

Le chef des négociateurs iraniens, Saïd Jalili, a pour sa part reconnu «une certaine distance entre les positions des deux parties» à l'issue de deux longues journées de négociations à Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan, en Asie centrale.

Les pays du groupe 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU - États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Chine - plus l'Allemagne) et l'Iran ne sont pas non plus parvenus à se mettre d'accord sur la date et le lieu de la prochaine rencontre, a ajouté Mme Ashton devant des journalistes.

En conséquence, «nous avons conclu que les représentants de toutes les parties allaient rentrer dans leur capitale pour évaluer où se situe le processus» des négociations, a souligné Mme Ashton.

«Un large fossé demeure entre les parties», a estimé dans un communiqué le chef de la diplomatie britannique, William Hague. «L'actuelle position de l'Iran est très loin de ce qui est nécessaire pour réaliser une percée diplomatique», a-t-il ajouté.

Mme Ashton s'est engagée à «rester en contact» avec M. Jalili, afin de «voir comment continuer».

Ce dernier a insisté sur la reconnaissance internationale du droit de l'Iran à enrichir de l'uranium, le principal point sur lequel les grandes puissances exigent des concessions de Téhéran en promettant d'atténuer les sanctions visant Téhéran pour son programme nucléaire controversé.

«L'Iran veut faire des concessions très limitées concernant son programme nucléaire et s'attend en échange à des résultats significatifs», a résumé un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat.

M. Jalili a appelé les représentants des grandes puissances à «s'appliquer pour gagner la confiance du peuple iranien (...), à faire preuve de sincérité et à adopter à l'avenir un comportement approprié».

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a lui aussi mis l'accent sur la difficulté des deux parties à progresser dans les pourparlers, soulignant qu'il n'y avait «pas de compréhension mutuelle».

Mais il a estimé qu'un «pas en avant» avait été fait «sans aucun doute» au cours des deux journées de négociations, et que les négociateurs iraniens avaient une position «assez constructive».

Même point de vue chez les Américains.

«La qualité de la discussion a été différente. Nous avons parlé de tous les sujets d'une manière susceptible de rétablir la confiance», a souligné le diplomate américain.

«Mais nous n'en sommes pas encore à des discussions substantielles», a-t-il ajouté.

Israël a pour sa part appelé la communauté internationale à adopter «une position plus ferme» vis-à-vis de l'Iran. «Sans une menace tangible et significative, comprenant un calendrier court, clair et définitif, il ne sera pas possible de démanteler le programme nucléaire» iranien, a déclaré Youval Steinitz, ministre des Affaires stratégiques.

Pendant la précédente réunion au même endroit fin février -- à l'issue de laquelle les deux parties avaient réussi à s'accorder sur le lieu et la date de la rencontre suivante --, les 5+1 avaient présenté une offre prévoyant la «suspension» et non plus «l'arrêt» des activités d'enrichissement d'uranium à 20 % en Iran.

Ils avaient proposé en échange d'atténuer certaines sanctions sur le commerce de l'or et le secteur pétrochimique, qui étranglent l'économie iranienne.

Mais la «proposition détaillée» présentée par les Iraniens samedi à Almaty n'a apparemment pas convaincu le groupe 5+1.

Les puissances occidentales et Israël soupçonnent l'Iran de chercher à fabriquer avec l'uranium enrichi l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que dément la République islamique.

Les résolutions de l'ONU sanctionnant l'Iran en raison de ses activités nucléaires ont été renforcées unilatéralement par un embargo bancaire et pétrolier de l'Union européenne et des États-Unis.

Les grandes puissances demandent aussi à l'Iran de fermer son site d'enrichissement de Fordo, considéré comme le seul de ce pays à être à l'abri d'une frappe militaire, et d'envoyer à l'étranger son stock d'uranium enrichi à 20 %.

Mais Téhéran assure que l'enrichissement à 20 % est utilisé pour fabriquer du combustible destiné à son réacteur de Téhéran, qui produit des radio-isotopes utilisés contre le cancer.

«Nous pensons que le droit d'enrichir de l'uranium est un droit inaliénable du peuple iranien, que ce soit à 5 % ou à 20 %», a souligné M. Jalili.

Des experts considèrent qu'une percée dans les discussions est peu probable avant l'élection présidentielle du 14 juin en Iran, à laquelle le président Mahmoud Ahmadinejad ne peut se représenter après deux mandats consécutifs.

Le président américain Barack Obama a déclaré en mars qu'il estimait à «un peu plus d'un an» le délai nécessaire à l'Iran pour se doter de l'arme nucléaire, laissant entendre qu'il y avait encore du temps pour trouver une solution diplomatique, alors qu'Israël a menacé à plusieurs reprises de recourir à l'option militaire.