L'Iran et les États-Unis ont nié tout accord pour entamer après la présidentielle américaine des négociations bilatérales sur le programme nucléaire de Téhéran, comme l'a affirmé le New York Times, même si la Maison-Blanche s'est dite ouverte à de tels pourparlers.

L'article du quotidien américain paru samedi soir, immédiatement démenti par la Maison-Blanche et par le chef de la diplomatie iranienne dimanche, survient à la veille d'un débat crucial entre le président Barack Obama et son concurrent républicain Mitt Romney consacré à la politique étrangère.

Pour des experts, la crise nucléaire iranienne sera «le dossier le plus brûlant» du prochain locataire de la Maison-Blanche.

Interrogé dimanche sur les informations du New York Times affirmant que les États-Unis et l'Iran allaient engager des discussions après le 6 novembre, le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a démenti.

«Nous ne sommes pas impliqués dans de telles choses», a-t-il assuré.

Rappelant que le président Obama «a(vait) dit clairement qu'il empêcherait l'Iran de se doter d'une arme nucléaire et (qu')il ferait le nécessaire pour y parvenir», la Maison Blanche a également nié samedi soir que «les États-Unis et l'Iran se (soient) sont mis d'accord sur des pourparlers bilatéraux ou sur quelque rencontre que ce soit après les élections américaines».

Mais ce double démenti au NYT est d'autant plus intrigant que le N°2 du gouvernement israélien, Moshé Yaalon, a affirmé dimanche que son pays, ennemi de l'Iran, était au courant de «contacts discrets» américano-iraniens, mais que «l'Iran a toujours refusé de tenir des discussions directes».

Il a été rapidement contredit par son Premier ministre Benyamin Nétanyahou qui affirmé «ne pas avoir d'informations sur ces contacts».

M. Netanyahu, qui exhorte les États-Unis et la communauté internationale à fixer «des lignes rouges» à l'Iran, estime que Téhéran «se sert des contacts et négociations pour gagner du temps et faire avancer son programme nucléaire».

Pour sortir de la crise, l'administration Obama privilégie une stratégie à double voie, mêlant sanctions et diplomatie, et a toujours dit publiquement à l'adresse des Iraniens que «la porte des négociations restait ouverte».

De fait, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale (le cabinet de politique étrangère de la Maison Blanche) Tommy Vietor l'a répété samedi: «Nous avons dit depuis le début que nous étions prêts à des rencontres bilatérales».

«Nous allons continuer à travailler à une solution diplomatique avec le groupe des 5+1», a-il insisté, en référence aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et à l'Allemagne qui négocient depuis des années avec l'Iran.

M. Vietor fait écho à l'Iranien Salehi qui a confirmé que les discussions avec les «5+1»  pourraient reprendre après le 6 novembre, peut-être à la fin du mois.

Ces négociations sont pour l'instant dans l'impasse.

L'Iran affirme que son programme nucléaire est à visée pacifique, tandis que les Occidentaux et Israël soupçonnent le régime islamique, assis sur les troisièmes réserves mondiales de pétrole et les deuxièmes de gaz naturel, d'élaborer en secret les bases d'un arsenal atomique.

L'Iran devrait être évoqué lundi lors du débat entre MM. Obama et Romney, le camp républicain accusant le président démocrate d'avoir échoué. M. Romney avait déclaré être décidé à empêcher l'Iran de se doter d'une «capacité à élaborer une arme nucléaire», notion plus restrictive que celle de l'administration sortante.

Le sénateur républicain Lindsey Graham a fustigé dimanche sur Fox News «les Iraniens qui cherchent à profiter de la période électorale» américaine. «Pendant que nous parlons avec les Iraniens, que ce soit de manière bilatérale ou unilatérale, ils continuent d'enrichir» leur uranium, a dénoncé l'élu.