L'Iran a minimisé l'embargo pétrolier occidental entré en vigueur dimanche, en affirmant que ces sanctions visant à le convaincre de réduire son programme nucléaire controversé n'auraient «aucun effet» sur son économie.

«La mise en oeuvre par nos ennemis de sanctions à partir d'aujourd'hui ne pose pas de problème, elles n'ont eu aucun effet et n'en auront pas» car «le gouvernement a pris les décisions nécessaires et est totalement prêt à y faire face», a affirmé le ministre du Pétrole Rostam Ghassemi cité dimanche par les médias.

«Le pétrole iranien se vend toujours sur les marchés internationaux et seule une partie des exportations vers l'Europe a cessé», a déclaré le ministre en affirmant que l'Iran avait trouvé «de nouveaux clients» sans préciser lesquels.

L'Union européenne a décrété à partir du 1er juillet un embargo total sur l'achat mais aussi le transport de pétrole iranien, qui n'est plus garanti par les assureurs européens couvrant 90% du trafic maritime pétrolier mondial.

Parallèlement, les États-Unis ont obtenu de plusieurs autres gros clients de l'Iran, notamment asiatiques, qu'ils réduisent leurs importations de brut iranien pour éviter des représailles commerciales et financières décidées par Washington contre les entreprises travaillant avec l'Iran.

Selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ces sanctions, annoncées en janvier, auraient provoqué depuis le début de l'année une baisse de 30% des exportations iraniennes de brut, tombées en mai à 1,5 million de barils/jours contre plus de 2,1 Mb/j fin 2011.

Cette baisse, selon l'AIE, aurait saturé les capacités de stockage de l'Iran et obligé le deuxième producteur de l'Organisation de pays exportateurs de pétrole à réduire sa production, estimée en mai par l'OPEP à 3,13 Mb/j contre près de 3,5 Mb/j fin 2011.

Les dirigeants iraniens rejettent ces estimations et affirment au contraire que les exportations sont stables et que la production de l'Iran a augmenté à 3,75 Mb/j.

«L'annonce de l'entrée en vigueur de nouvelles sanctions vise seulement à créer un climat psychologique, car elles ne sont pas nouvelles», a affirmé dimanche le ministre de l'Économie Shamseddine Hosseini, cité par l'agence officielle Irna.

Le président de la compagnie pétrolière nationale NIOC, Ahmad Ghalebani, a minimisé lui aussi l'impact de l'embargo occidental, affirmant que l'Iran exportait actuellement quelque 2 Mb/j.

L'UE achète encore «200 000 à 300 000 b/j» de brut iranien en dépit de l'embargo selon lui, contre 600 000 b/j fin 2011.

Outre l'embargo européen, trois des principaux clients asiatiques de l'Iran, l'Inde, la Corée du sud et le Japon, ont annoncé leur intention de réduire de 10 à 20% en 2012 leurs importations qui totalisaient plus de 800.000 b/j en 2011.

La Corée du sud a par ailleurs annoncé cette semaine la «suspension» temporaire de ses importations, faute d'avoir trouvé une solution au problème de l'assurance des pétroliers, déclenchant la colère de Téhéran.

La Chine, premier client de l'Iran, a affirmé qu'elle ne cèderait pas aux pressions américaines. Mais Pékin ne semble pas avoir profité des rabais importants consentis par Téhéran ces dernières semaines, selon les milieux spécialisés, pour acheter davantage de brut iranien qu'en 2011.

Contrairement aux prédictions iraniennes, la mise en place de cet embargo n'a pas provoqué de tension sur les marchés pétroliers, où les cours ont au contraire chuté de plus de 20% depuis mars.

Ce calme a été obtenu grâce notamment à une hausse de la production de l'Arabie saoudite, grand rival de l'Iran dans la région et au sein de l'OPEP, au grand dam de Téhéran qui espérait compenser la baisse de ses exportations par une envolée des prix.

L'Iran a demandé samedi une réunion extraordinaire du cartel pétrolier pour soutenir les cours.