Barack Obama a mis en garde vendredi Israël contre toute action qui permettrait à l'Iran de se présenter en «victime», mais n'a exclu «aucun moyen» contre les ambitions nucléaires de Téhéran trois jours avant de recevoir le premier ministre Benyamin Nétanyahou.                                

Israël souffle le chaud et le froid depuis des mois sur une intervention militaire unilatérale pour enrayer le programme nucléaire de la République islamique avant qu'il ne débouche sur une bombe atomique, vue comme une menace à son existence.

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«Au moment où l'Iran ne bénéficie pas de beaucoup de sympathie, et où son seul allié (la Syrie, NDLR) est en pleine ébullition, voulons-nous une diversion qui permettrait à l'Iran de se présenter en victime?», a demandé le président des États-Unis dans un entretien au magazine The Atlantic. Mais «quand nous disons que nous n'excluons aucun moyen (pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, NDLR), nous le pensons vraiment», a toutefois insisté M. Obama, citant entre autres «un versant militaire».

«Je pense que le gouvernement israélien reconnaît qu'en tant que président des États-Unis, je ne bluffe pas. Pour mener une politique efficace, je ne clame pas sur tous les toits quelles sont nos intentions exactes» vis-à-vis de l'Iran, a affirmé M. Obama, dont le gouvernement défend jusqu'ici une stratégie de sanctions et d'isolement pour faire renoncer Téhéran à son programme controversé.

M. Nétanyahou, qui doit rencontrer M. Obama lundi pour la première fois depuis septembre, a déclaré cette semaine que le dossier iranien serait le «principal sujet» de ces entretiens.

«L'Iran continue à avancer rapidement et avec arrogance dans son programme nucléaire, en méprisant totalement les décisions de la communauté internationale», a prévenu le dirigeant israélien.

M. Obama a pris acte de cette inquiétude. «Je pense que le premier ministre a la profonde responsabilité de protéger les Israéliens dans un environnement hostile, et je suis certain qu'il prend en compte l'histoire de l'Holocauste, de l'antisémitisme et des violences contre les juifs depuis plus d'un millénaire quand il réfléchit à ces questions», a-t-il dit dans l'entretien publié vendredi.

«Il est important de reconnaître, toutefois, que le premier ministre est aussi le dirigeant d'un État moderne, qui sait quels sont les coûts de toute action militaire, et d'après nos consultations avec le gouvernement israélien, je pense qu'il prend ces coûts, et les conséquences possibles, très au sérieux», a-t-il ajouté.

Évoquant ses relations avec Benyamin Nétanyahou, souvent dépeintes comme tendues, Barack Obama les a décrites comme «très franches, très directes et très honnêtes».

«Nous partageons une vision commune de la direction où nous souhaitons aller. Mais parfois -c'est vrai, du reste, dans mes relations avec tous les autres dirigeants étrangers- nous ne nous accorderons pas exactement sur la manière d'atteindre ces objectifs», a-t-il ajouté.

La gestion du dossier nucléaire iranien, déjà périlleuse pour M. Obama, est compliquée encore par le fait qu'il est candidat à sa réélection en novembre. Mercredi, la Maison-Blanche avait déjà souligné que toute action contre l'Iran créerait «davantage d'instabilité» au Moyen-Orient et mentionné la sécurité des Américains en Afghanistan et en Irak, deux pays limitrophes de l'Iran.

Dans le même temps, lors d'une réunion pour lever des fonds pour sa campagne tenue jeudi soir à New York, M. Obama a qualifié de «sacro-saint» le soutien des États unis à Israël et évoqué la nécessité d'aider ce pays à maintenir sa «supériorité militaire» dans la région.