L'Iran a multiplié lundi les signes de fermeté face aux sanctions et menaces visant son programme nucléaire controversé, alors qu'une délégation de l'AIEA arrivait à Téhéran pour tenter d'en éclaircir les zones d'ombre qui inquiètent la communauté internationale.

Téhéran a notamment menacé de couper ses ventes de pétrole à six nouveaux pays européens en réponse au renforcement des sanctions décidé en janvier par l'Union européenne, et annoncé de grandes manoeuvres anti-aériennes visant à améliorer la protection de ses sites nucléaires menacés d'attaque par Israël.

La délégation de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), menée par son directeur adjoint Herman Neckaerts, devrait discuter des «solutions diplomatiques à la question nucléaire», selon les rares informations fournies lundi par la presse iranienne.

Sa mission de 48 heures, la deuxième en moins d'un mois, vise à éclaircir plusieurs aspects du programme nucléaire iranien qui, selon l'AIEA, entretient depuis des années le doute sur les objectifs réels de l'Iran.

La communauté internationale s'inquiète, en dépit des démentis de Téhéran, d'une possible dimension militaire de ce programme, condamné par six résolutions de l'ONU, dont quatre assorties de sanctions que les pays occidentaux ont ensuite renforcées unilatéralement.

La précédente mission de l'AIEA, du 29 au 31 janvier, avait été qualifiée de «bonne» par l'agence onusienne, qui avait cependant souligné qu'il restait «encore beaucoup de travail à accomplir».

M. Neckaerts a espéré que la nouvelle visite permettrait d'obtenir des «résultats concrets», alors que l'Iran a multiplié ces dernières semaines les démonstrations de force en prévision d'une possible reprise de négociations avec les grandes puissances.

Après quatre mois d'hésitation, Téhéran a donné la semaine dernière son feu vert à une reprise du dialogue avec le groupe des 5+1 (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne), au point mort depuis un an, insistant sur sa volonté de relancer les négociations «rapidement».

Mais simultanément, l'Iran a menacé lundi de couper ses livraisons de pétrole à six nouveaux pays européens -l'Italie, l'Espagne, la Grèce, l'Allemagne, le Portugal et les Pays-Bas- en représailles à l'embargo pétrolier et bancaire décidé en janvier par l'UE.

Cette réplique iranienne à l'embargo européen est venue renforcer les messages de fermeté que Téhéran a multipliés ces dernières semaines à l'égard des Occidentaux.

Ni les sanctions ni les menaces militaires ne feront renoncer l'Iran à ses «droits légitimes» en matière nucléaire, a réaffirmé le 11 février le président Mahmoud Ahmadinejad.

À l'appui de sa détermination, Téhéran a annoncé un accroissement de 50% de sa capacité d'enrichissement d'uranium et le démarrage de sa deuxième usine d'enrichissement à Fordo, au sud de Téhéran, deux sujets au coeur de son conflit avec la communauté internationale.

Le chef du programme nucléaire iranien Fereydoun Abbasi Davani a réaffirmé lundi que le programme nucléaire iranien «ne présente aucun danger pour les autres», et que «les 5+1 feraient mieux de changer de méthode», car les sanctions «n'ont pas réussi».

Parallèlement, Téhéran a lancé lundi des manoeuvres anti-aériennes de grande ampleur pour renforcer la défense de ses sites nucléaires, alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines les menaces de frappe militaire pour stopper le programme atomique iranien.