Le chef de la diplomatie par intérim et du programme nucléaire d'Iran, Ali Akbar Salehi, a affirmé samedi que son pays était en mesure de fabriquer ses propres «barres» de combustible, alors que l'Occident affirme que Téhéran ne possède pas cette technologie.

M. Salehi, à la tête de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), a précisé dans une déclaration publiée par l'agence de presse Fars que ces barres, requises pour les réacteurs nucléaires, seraient produites au site nucléaire d'Ispahan dans le centre du pays.

«Nous avons construit au site (nucléaire) d'Ispahan une unité pour fabriquer des barres de combustible», a déclaré M. Salehi à Fars, une déclaration présentée comme une interview exclusive.

«(...) Avec l'achèvement de cette unité à Ispahan, nous sommes parmi les rares pays à pouvoir fabriquer des plaques et des barres de combustible», a dit M. Salehi, l'un des vice-présidents de l'Iran.

Il a soutenu que la politique de l'Occident à l'égard de son pays avait permis ces «réalisations» dans le domaine du nucléaire, y compris la fabrication de barres. «C'est en fait à cause des actions de l'Occident que nous sommes parvenus à ce niveau-là».

«Ce que nous disons est vrai et basé sur la réalité. Il n'y a ni exagération ni tromperie dans ce que ne nous faisons. C'est eux qui ne veulent pas croire que l'Iran cherche à obtenir la technologie nucléaire seulement à des finspacifiques», a poursuivi le responsable iranien.

Les déclarations de M. Salehi surviennent avant un nouveau round de négociations nucléaires entre l'Iran et les grandes puissances du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) prévues fin janvier à Istanbul.

Vendredi, la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a affirmé que ces négociations devraient reprendre le 20 janvier. Une précédente rencontre avait eu lieu les 6 et 7 décembre.

En novembre 2010, M. Salehi avait affirmé que l'Iran serait en mesure de produire dès septembre 2011 du combustible pour son réacteur de recherche médicale de Téhéran.

La production de ce combustible constitue la principale justification de l'Iran à la production d'uranium enrichi à 20%, lancée en février au grand dam de la communauté internationale qui redoute, en dépit des dénégations de Téhéran, que le programme nucléaire iranien n'ait un objectif militaire.

Les Occidentaux ont affirmé que Téhéran n'avait pas la capacité technologique de transformer son uranium enrichi à 20% en plaques de combustible pour le réacteur de Téhéran, construit dans les années 1970 par les Américains.

L'enrichissement à un niveau proche de 20% défiait plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU enjoignant l'Iran de geler tout enrichissement.

Pour l'Occident, cet enrichissement peut rapprocher Téhéran des niveaux requis pour fabriquer des matériaux fissibles entrant dans la fabrication d'une bombe nucléaire.

En juin, M. Salehi avait dit que l'Iran serait en mesure de produire lui-même «d'ici septembre 2011» les plaques de combustibles nécessaires au réacteur de Téhéran. Il avait aussi annoncé la mise en service d'ici cinq ans d'un réacteur de recherche de 20 MGW, plus puissant que celui de Téhéran (5 MGW), pour produire des radio-isotopes.

M. Salehi a encore déclaré à Fars que l'Iran avait déjà produit «près de 40 kilogrammes d'uranium enrichi à 20%».

Il a aussi fait état d'avancement des travaux à la seconde usine d'enrichissement d'uranium d'Iran, à Fordo (sud-ouest). «Heureusement, les travaux progressent», a-t-il dit sans autres détails.