Une reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien controversé semble se profiler, Téhéran ayant réagi positivement vendredi à une offre de rencontre des grandes puissances pour la mi-novembre, cinq mois après les dernières sanctions votées à l'ONU.

Cette proposition «est une bonne nouvelle», a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, en marge d'une réunion à Bruxelles consacrée à la situation au Pakistan.

«Octobre ou novembre est une bonne période pour rétablir le dialogue avec le groupe 5+1», qui comprend les six grandes puissances impliquées dans les négociations sur le programme nucléaire iranien (États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne), a-t-il ajouté.

«Je pense que c'est la manière de procéder, de fixer un jour pour démarrer les négociations», a ajouté M. Mottaki, parlant «d'un pas positif en avant».

La veille, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avait proposé à Téhéran une reprise des négociations mi-novembre, si possible à Vienne, siège de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA).

Mme Ashton est, comme son prédécesseur Javier Solana, l'intermédiaire des six grandes puissances pour les discussions sur le programme nucléaire iranien.

Les dernières discussions au plus haut niveau entre le groupe dit 5+1 et Téhéran remontent au 1er octobre 2009 à Genève.

Par la suite, face à l'impasse des discussions, le Conseil de sécurité de l'ONU a renforcé le 9 juin les sanctions économiques internationales contre l'Iran. Et les États-Unis et l'UE les ont encore durcies de leur côté, même si Téhéran affirme qu'elles n'ont aucun impact.

Ces mesures interdisent notamment tout investissement dans l'industrie pétrolière, gazière ou pétrochimique. Elle visent également les banques, les échanges financiers, les assurances et les sociétés maritimes iraniennes.

Dernière illustration de leur impact: le groupe pétrolier japonais Inpex a annoncé vendredi son retrait du plus important gisement iranien.

L'Iran a beau être le quatrième producteur mondial de pétrole, il reste vulnérable dans le secteur des hydrocarbures car il importe jusqu'à 40% de son essence, le pays manquant de capacités de raffinage pour satisfaire sa demande intérieure. En outre il tire du pétrole 80% de ses ressources en devises.

Les pays occidentaux soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, sous couvert d'un programme d'enrichissement d'uranium officiellement civil, ce dont Téhéran se défend.

Ces derniers temps, les Iraniens avaient ouvertement critiqué Mme Ashton. Ils l'avaient appelé à faire davantage pour permettre une reprise des négociations, lui reprochant d'être «moins active» que son prédécesseur Javier Solana et semblant du même coup remettre en cause son rôle de pivot dans les discussions.

La haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères a toutefois reçu cette semaine un clair soutien des États-Unis.

«À présent, vu que le potentiel pour négocier émerge à la suite de la main tendue de l'Iran à Catherine (Ashton), Catherine va conduire la communauté internationale dans ces négociations», a ainsi dit jeudi à la BBC Hillary Clinton, le chef de la diplomatie américaine, à l'issue d'une rencontre à Bruxelles avec Mme Ashton.

«Ce que nous faisons (...) est à présent d'essayer d'engager un dialogue sérieux avec l'Iran», a dit pour sa part la chef de la diplomatie européenne.

Et «bien entendu, c'est moi qui, missionnée par ce groupe de pays (les six puissances) conduirai les négociations», a-t-elle ajouté.