L'Iran a estimé mercredi que les nouvelles sanctions adoptées à son encontre par le Conseil de sécurité de l'ONU étaient «bonnes pour la poubelle», et réaffirmé sa volonté de poursuivre quoiqu'il arrive son programme nucléaire controversé.

Les résolutions de l'ONU contre l'Iran «ne valent pas un sou pour la nation iranienne», a affirmé le président Mahmoud Ahmadinejad quelques instants après le vote du Conseil de sécurité infligeant des sanctions à Téhéran pour la quatrième fois depuis 2006.

«Ces résolutions (...) ne sont que des mouchoirs usagés bons pour la poubelle», a ajouté le président iranien qui s'exprimait à Douchanbe, au Tajikistan, où il assiste à une conférence internationale sur l'eau.

«Elles ne sont pas capables d'atteindre les Iraniens», a-t-il encore affirmé.

La résolution 1929, adoptée par 12 voix contre deux et une abstention, apporte de nouvelles limitations aux investissements iraniens à l'étranger et interdit la vente à l'Iran de huit nouveaux types d'armements lourds.

Elle rallonge aussi la liste des particuliers, des entreprises, des entités ou des banques iraniens frappés de sanctions individuelles -gel des avoirs financiers et interdiction de voyager à l'étranger.

Ces sanctions, comme les précédentes, visent à convaincre l'Iran de suspendre ses activités sensibles comme l'enrichissement d'uranium et à rassurer la communauté internationale sur la nature pacifique de son programme nucléaire. Les Occidentaux soupçonnent Téhéran, en dépit de ses démentis répétés, de chercher à se doter de l'arme atomique.

L'ambassadeur iranien à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Ali Asghar Soltanieh, a toutefois immédiatement averti que l'Iran n'interromprait pas ses opérations d'enrichissement d'uranium.

«Rien ne va changer. Nous allons continuer nos activités d'enrichissement sans aucune interruption», a-t-il déclaré en marge du Conseil des gouverneurs de l'Agence à Vienne.

M. Ahmadinejad s'en est pris pour sa part aux puissances nucléaires qui dominent le Conseil de sécurité de l'ONU, parmi lesquelles la Chine et la Russie, deux pays pourtant traditionnellement réceptifs aux thèses de Téhéran.

«Ceux qui continuent à voter des résolutions contre nous sous prétexte que l'Iran pourrait construire une bombe atomique dans l'avenir sont ceux qui ont des bombes atomiques, les ont utilisées, les stockent ou en menacent les autres», a dénoncé le président iranien.

Le vote de Pékin, principal partenaire économique et soutien diplomatique de Téhéran, a été critiqué par le chef du programme nucléaire iranien Ali Akbar Salehi, qui a accusé les dirigeants chinois «d'accepter la domination» des Etats-Unis, à l'origine de la résolution. Cette attitude va lui faire «perdre sa place dans le monde islamique», a-t-il affirmé.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mahmanparast, a estimé de son côté que la nouvelle résolution «n'est ni constructive ni efficace pour régler la situation», mais va «compliquer encore plus la situation».

Pour autant, les dirigeants iraniens sont restés prudents quant à leur intentions.

«Notre réaction sera certainement intelligente et sage comme cela l'a été jusque-là. Nous attendrons le retour du président au pays pour examiner la situation avec précision et sans précipitation», a déclaré M. Salehi.

Le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki, qui a vu dans la résolution «un pas en arrière», ne s'est pas montré plus précis. Les grandes puissances «doivent attendre que l'Iran analyse la situation et joue le prochain coup», a-t-il déclaré, en comparant la situation à une partie d'échecs.