Les Etats-Unis ont laissé entendre jeudi que des sanctions contre l'Iran pour son programme nucléaire étaient désormais proches, soulignant l'appui plus ferme de la Russie, et affirmant que la visite à Téhéran du président brésilien Lula serait l'ultime chance de dialogue.

La Maison Blanche a d'abord indiqué que les présidents américain Barack Obama et russe Dmitri Medvedev allaient demander à leurs négociateurs aux Nations unies d'«intensifier leurs efforts» pour parvenir à une résolution infligeant de nouvelles sanctions.

Les deux chefs d'Etat se sont entretenus par téléphone et ont discuté des «progrès» effectués à l'ONU par le groupe des Six (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne).

Les Etats-Unis, parmi les premiers qui soupçonnent Téhéran de chercher à obtenir l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ont soumis aux Six un projet de nouvelles sanctions contre la République islamique.

«Dans les toutes prochaines semaines, nous espérons présenter une résolution à New York», a déclaré jeudi le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley. «Nous continuons d'avancer vers une résolution de sanctions. Il y a urgence à nos yeux», a-t-il poursuivi.

Alors que le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva est attendu à Téhéran le 16 mai, un haut responsable de la diplomatie américaine, parlant sous le couvert de l'anonymat, a estimé de son côté que cette démarche était «sans doute la dernière chance de dialogue»,

Neuf chefs d'Etat et de gouvernement, dont Lula, participeront à un sommet des pays du G15 dans la capitale iranienne.

La Turquie ne fait pas partie de ce groupe de pays non-alignés, mais le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, envisage de faire le voyage pour tenter avec Lula une médiation.

M. Crowley a rapporté que la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'était entretenue par téléphone avec M. Davutoglu.

Interrogé pour savoir si Mme Clinton avait réussi à convaincre son homologue turc de la nécessité de sanctions, M. Crowley a répondu qu'il n'était pas sûr que telle ait été son intention.

Le porte-parole est aussi revenu sur un entretien mardi soir entre Hillary Clinton et le haut responsable chinois Dai Bingguo, expliquant que cette conversation avait visé à clarifier certains points techniques du projet de résolution - une manière de suggérer que l'opposition chinoise à des sanctions pourrait s'être assouplie.

A l'ONU enfin, l'ambassadrice américaine Susan Rice a souligné que les Six «font des progrès», et espéré que Lula transmettrait le message à Téhéran que «la pression monte».

L'administration Obama qui, lors de son arrivée au pouvoir en janvier 2009 avait tenté d'engager le dialogue avec l'Iran, notamment sur la question nucléaire, estime que Téhéran n'a pas montré de volonté de négocier.

Elle lui reproche en particulier de ne pas avoir répondu à une offre de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour que l'Iran lui livre, en gage de bonne volonté, 70% de son uranium faiblement enrichi pour le transformer, en Russie puis en France, en combustible enrichi à 20%, dont Téhéran dit avoir besoin pour un réacteur de recherche médicale.

L'Iran, qui nie vouloir la bombe, a rejeté cette proposition en invoquant un «manque de confiance».