La réunion de Vienne sur l'enrichissement à l'étranger d'uranium iranien à usage civil a repris mardi soir après une interminable partie de cache-cache avec l'Iran, l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) constatant «des progrès plus lents que prévus».

Selon le Directeur général de l'AIEA, l'Egyptien Mohamed ElBaradei, les «négociations progressent, mais moins rapidement que prévu». Cependant, un accord est «possible», a-t-il estimé devant des journalistes. «Il y a beaucoup d'aspects techniques que nous devons régler. C'est aussi, naturellement, une question d'une confiance à créer, de garanties», a-t-il ajouté.

Avis positif également côté iranien, l'ambassadeur de l'Iran auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, qualifiant les discussions de «constructives» et soulignant qu'elles «se poursuivront demain mercredi avec tous les pays concernés» (ndlr: Iran, Etats-Unis, Russie, France) à 10h00 locales.

Pourtant, dans la matinée, le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, dans une volte-face qui a créé une surprise à Vienne, s'était opposé depuis Téhéran à la présence de la France à ces négociations en raison d'un litige sur des livraisons de matériel nucléaire remontant au passé.

A Paris, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, se refusant à toute polémique avec Téhéran, a souligné dans la soirée que les discussions «se poursuivent» et que la France y restait associée.

La reprise de ces discussions est intervenue après une interminable suspension tout au long de la journée de mardi des négociations entre l'Iran, les Etats-Unis, la Russie et la France, sous l'égide de l'AIEA, entamées lundi à Vienne.

Peu avant cette reprise, une réunion à trois imprévue avait eu lieu entre l'Iran, les Etats-Unis et Mohamed ElBaradei, avait annoncé un porte-parole du Conseil national de sécurité américain, Michael Hammer, présent à Vienne.

Cete réunion avait été précédée dans la journée de discussions au seul niveau des experts.

La réunion de Vienne a pour objectif de fixer les modalités pour la livraison à l'Iran d'ici un an d'uranium enrichi à 19,75% que Téhéran veut utiliser comme combustible dans son réacteur de recherche, sous contrôle de l'AIEA, à des fins médicales, notamment pour produire des isotopes entrant dans les traitements de certains cancers.

En échange, l'Iran doit remettre, en principe à la Russie pour l'enrichissement, la France devant ensuite transformer l'uranium enrichi en coeurs nucléaires, une partie des 1 500 kg d'uranium -- éventuellement jusqu'à 1 200 kg -- qu'il a faiblement enrichis malgré les sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les experts considèrent que l'Iran ne disposerait dès lors plus d'assez d'uranium pour engager le processus de fabrication d'une arme atomique.

La rencontre de Vienne avait été décidée à l'issue de la première reprise de contact après 15 mois, le 1er octobre à Genève, entre l'Iran et les pays du groupe des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne).

Ces nouvelles discussions entre puissances nucléaires et l'Iran sont considérées comme cruciales pour tenter d'apaiser les tensions sur le programme nucléaire controversé dont Téhéran affirme qu'il est purement civil, alors que les pays occidentaux suspectent l'Iran de viser la fabrication d'une bombe atomique.