La scène aurait pu paraître surréaliste, mais elle était bien réelle. Le premier ministre du Canada, sa femme et trois anciens premiers ministres sont montés à bord d'un avion vieux de 30 ans en compagnie de deux anciennes gouverneures générales, de quatre premiers ministres provinciaux ou territoriaux, du chef de l'Assemblée des Premières Nations et du chef de l'opposition officielle.

L'avion, un Airbus A310 construit en 1987, a atterri lundi à la base aérienne de Waterkloof, près de Pretoria, en Afrique du Sud, après un vol de 18 heures. La délégation canadienne qui participera aux commémorations en hommage à l'ancien président sud-africain Nelson Mandela comprend une liste impressionnante de dirigeants actuels et passés.

À bord de l'avion, il y avait les anciennes gouverneures générales Adrienne Clarkson et Michaëlle Jean, la première ministre de l'Alberta, Alison Redford, et ses homologues de la Nouvelle-Écosse, Stephen McNeil, du Yukon, Darrell Pasloski, et des Territoires du Nord-Ouest, Bob McLoed. Le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, était aussi présent, de même que le chef autochtone Shawn Atleo et plusieurs députés et sénateurs.

Stephen Harper a aussi invité à bord trois de ses prédécesseurs: Jean Chrétien, Kim Campbell et Brian Mulroney. Joe Clarke s'est quant à lui rendu en Afrique du Sud par ses propres moyens.

Cet avion partagé par plusieurs dirigeants pourrait sembler être une façon efficace de se rendre dans un pays très éloigné. Après tout, la politique de voyage du gouvernement du Canada recommande que les ministres fassent «tout leur possible pour effectuer des voyages communs dans l'intérêt de l'utilisation efficace des ressources du gouvernement».

Mais la même politique comprend aussi un important avertissement: «Néanmoins, pour des raisons de sécurité, pas plus de huit ministres de la Couronne devraient voyager dans le même avion au même moment».

Aux États-Unis, le président et le vice-président ne voyagent jamais dans le même avion, hélicoptère ou limousine blindée. Le jour de l'investiture du président, un haut responsable de l'administration est toujours maintenu loin de Washington dans l'éventualité d'une attaque.

Regrouper autant de dirigeants canadiens passés, actuels et futurs dans un même avion peut sembler être un pari risqué. D'autant plus quand l'avion en question a été construit à l'époque où les accoudoirs des sièges comprenaient encore des cendriers et où un ordinateur de bord pesant un kilo était considéré comme une révolution.

L'avion du premier ministre est un Airbus A310, qui a été acheté par le gouvernement canadien à Wardair en 1992 pour 53 millions $. Le ministère de la Défense nationale a acquis cinq de ces avions de Wardair et ils sont toujours en service.

Même s'il s'agit de vieux appareils, ils comptent moins d'heures de vol et ont effectué moins d'atterrissages que d'autres avions commerciaux du même âge.

«Le consensus général est qu'il est encore en excellente condition et bon pour de nombreuses autres années de service», avait déclaré le major Jim Hutcheson en 2010 lors d'une entrevue au sujet de l'avion du premier ministre.