Près d'un an après le raid américain fatal à Oussama ben Laden dans le nord du Pakistan, Islamabad devrait expulser mercredi vers l'Arabie Saoudite ses trois veuves saoudiennes et yéménite et la dizaine d'enfants qui ont vécu avec lui jusqu'à sa mort, a annoncé mardi leur avocat.

Après dix mois de détention sans motif officiel, les trois veuves avaient été récemment condamnées par la justice pakistanaise à 45 jours de prison pour séjour illégal au Pakistan, une peine qu'elles auront fini de purger mardi à minuit.

Le tribunal avait également ordonné que les trois femmes -les Saoudiennes Khairiah Saber et Siham Saber et la Yéménite Amal Abdulfattah- soient expulsées dans leurs pays d'origine le plus vite possible après leur sortie de prison, avec leurs huit enfants et le petit-enfant de ben Laden qui vivent avec elles.

Islamabad devrait suivre cet avis et faire partir la famille du pays dans la nuit de mardi à mercredi, ont annoncé mardi à l'AFP leur avocat, Muhammad Aamir, et un responsable des services de sécurité pakistanais.

«Ils partiront ce soir à minuit, ou dans la nuit. Ils iront probablement tous en Arabie Saoudite», a déclaré M. Aamir. «La famille ben Laden devrait être expulsée du pays vers minuit, probablement vers l'Arabie Saoudite», a confirmé le responsable pakistanais sous couvert d'anonymat.

Une fois en Arabie saoudite, «Amal et ses cinq enfants pourraient ensuite gagner le Yémen», a précisé M. Aamir.

Arrêtée par les autorités pakistanaises après le raid américain nocturne qui a tué le chef d'Al Qaïda le 2 mai dernier à Abbottabad (nord du Pakistan), la famille était gardée ces derniers temps dans une résidence surveillée d'Islamabad.

Leur détention prolongée a nourri les interrogations sur l'attitude des autorités pakistanaises, soupçonnées de vouloir dissimuler des informations sur les dernières années de ben Laden, et notamment comment il a pu vivre tant d'années dans le pays sans être inquiété et s'il y a bénéficié de complicités.

Les trois veuves et deux filles les plus âgées (17 et 21 ans) avaient finalement été condamnées début avril à 45 jours de prison pour séjour illégal et à payer une amende de 10 000 roupies (106 $). Leur peine avait été prononcée le 2 avril, mais son début avait été fixé rétroactivement au 3 mars.

Selon des sources concordantes, plusieurs diplomates saoudiens sont passés ces dernières semaines à Islamabad pour évoquer les modalités de cette expulsion avec les autorités pakistanaises.

Lors du raid du 2 mai, les Américains avaient tué Oussama ben Laden, son fils Khaled, les deux Pakistanais chargés de veiller sur la famille et la femme d'un de ces derniers. Les forces spéciales américaines avaient emmené le corps du chef d'Al-Qaïda, laissant au Pakistan le soin de décider du sort de ses trois femmes et des enfants et du petit-enfant, un enfant de Khaled, qui vivaient reclus avec lui depuis cinq ans dans la maison d'Abbottabad.

Les veuves et enfants n'ont depuis fait aucune apparition publique.

D'après un rapport de police citant Amal, 30 ans, la plus jeune des épouses et réputée favorite et la seule qui ait vraiment coopéré lors de ses interrogatoires selon des sources de sécurité pakistanaise. La famille ben Laden, qui vivait en Afghanistan avant les attentats du 11-Septembre, avait été séparée après l'intervention occidentale de la fin 2001 qui a chassé du pouvoir les protecteurs talibans du chef d'Al-Qaïda.

Elle s'est retrouvée dans le nord-ouest du Pakistan en 2002, le début d'une cavale de près de neuf années dans le pays, dont les cinq dernières cachée dans une maison à Abbottabad, où ils seront finalement débusqués par les Américains.

Pendant cette fuite, Amal, qui avait déjà eu un enfant de ben Laden avant la fin 2001, en a eu quatre autres, dont deux nés lors de passages furtifs clandestins dans un hôpital public du nord-ouest.

Lors du raid d'Abbottabad, Amal avait été blessée par balle en voulant protéger son mari. Depuis, son frère Zakarya dénonçait la détention «illégale» de sa soeur et de ses enfants et ses graves séquelles sur leur santé déjà précaire.