Les services de renseignement pakistanais ont interpellé le propriétaire d'une maison louée à la CIA pour surveiller Oussama Ben Laden avant qu'un commando américain ne l'abatte, ainsi qu'une «poignée» de Pakistanais qui auraient transmis des informations aux États-Unis, a annoncé un responsable américain.

Au Pakistan, un responsable occidental a confirmé l'information rapportée par le New York Times, selon laquelle cinq informateurs pakistanais, qui avaient travaillé pour la CIA avant l'opération du 2 mai dernier, avaient été arrêtés par la puissante Direction pour le renseignement d'inter-services (ISI).

Parmi les personnes interpellées figurerait un commandant de l'armée pakistanaise, d'après un article posté sur le site internet du Times mardi soir. L'officier aurait communiqué les numéros des plaques d'immatriculation des voitures entrant dans le complexe où vivait le chef d'Al-Qaïda quelques semaines avant l'opération commando.

L'armée pakistanaise a toutefois nié qu'un de ses commandants fasse partie des personnes arrêtées.

Le porte-parole de l'armée, le major-général Athar Abbas, a affirmé que ces allégations étaient «fausses et sans fondement».

On ignore le sort réservé à ces informateurs, mais des responsables américains ont déclaré au Times que le directeur de la CIA, Leon Panetta, avait évoqué la question lors de sa visite à Islamabad la semaine dernière.

Les relations entre les États-Unis et le Pakistan se sont détériorées après qu'un commando américain eut éliminé le leader d'al-Qaïda, qui se cachait au Pakistan, une situation embarrassante pour l'armée pakistanaise.

Une autre source de tension entre les deux pays est liée aux frappes de drones américains, qui visent des militants dans une région tribale du Pakistan, près de la frontière afghane.

Trois attaques menées mercredi ont entraîné la mort d'au moins 15 présumés insurgés, dans les régions du sud et du nord Waziristan, ont rapporté des agents des services secrets pakistanais, sous le couvert de l'anonymat.

Les personnalités politiques pakistanaises ont l'habitude de dénoncer publiquement ces frappes, mais plusieurs d'entre elles y seraient favorables. Ce soutien s'est toutefois estompé depuis le raid contre Ben Laden, et surtout depuis que les frappes ont gagné en impopularité parmi les Pakistanais.

Des représentants ont soutenu que l'arrestation des informateurs représentait seulement la dernière preuve que la relation entre les deux pays s'est dégradée.

Le New York Times a aussi rapporté que le directeur adjoint de la CIA, Michael Morell, aurait qualifié de très faible la collaboration qu'offre le Pakistan dans la lutte américaine contre le terrorisme.

D'autres représentants américains ont toutefois affirmé que l'avis de M. Morell n'était pas représentatif du portrait global brossé par l'administration Obama.

«Nous avons une relation solide avec nos homologues pakistanais et nous travaillons ensemble lorsqu'il le faut», a déclaré une porte-parole de la CIA, Marie Harf.

Elle a ajouté que M. Panetta avait eu des rencontres très pertinentes la semaine dernière et a affirmé que le partenariat avec le Pakistan était crucial pour les États-Unis.